Au Petit Saint-Martin, Catherine Hiegel s’installe tout l’automne et présente deux textes de Lagarce, mis en scène par Marcial di Fonzo Bo, Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne et Music-Hall.

Les règles du savoir-vivre est votre premier seul en scène. Est-ce une expérience très différente des spectacles de troupe ?  

Bien évidemment. Déjà, le trac est différent. La peur est plus intense, car on ne peut la partager avec les autres. On est seule face au public. Le spectacle ne repose que sur soi. Et puis, surtout, il y a deux moments où la solitude est plus présente. Quand on arrive au théâtre, on ne peut pas passer dans les loges, dire bonjour aux copains. Après la représentation, on ne peut pas échanger, on ne peut pas partager nos impressions. Je ne vais pas me parler à moi-même. Il y a dans le seul-en-scène, une sorte d’isolement, qui n’est pas facile à gérer. C’est d’une tristesse, de se retrouver face à soi-même, le soir. Quand il a été question de tourner avec Les règles du Savoir-vivre dans la société moderne, j’ai eu quelques sueurs froides. Je ne me voyais pas aux quatre coins de la France sans personne à qui parler. C’est à partir de là que Marcial di Fonzo Bo a eu l’idée de monter Music-Hall, un autre Lagarce. 

Ce sera le troisième texte de Lagarce que vous jouez. Comment appréhendez-vous son écriture ? 

C’est en effet une écriture très particulière, avec beaucoup de répétitions, de redites. il y a une vraie mécanique dans ses textes, une musique qui rythme la manière de le dire. Après les deux textes sont très différents. Les règles est une adaptation caustique d’un manuel de bonnes manières de la baronne Staffe. Lagarce en a gardé le ton, la structure. Ce n’est pas tout à fait son style habituel. Avec Music-Hall, je retrouve sa patte. Nous ne répéterons que début septembre. Je vais donc passer une partie de l’été à travailler le texte. C’est en l’apprenant, que je vais le prendre en bouche, en comprendre les subtilités, pour ne pas perdre le cours de sa pensée. Ce n’est qu’en le mémorisant que l’on peut appréhender le personnage, le faire sien.  

Dans Music-Hall, vous incarnez une meneuse de revue en fin de carrière qui tous les soirs, avec ses deux boys, raconte les aléas de sa vie… 

Un rôle de composition (rires) ! C’est une femme qui arrive à épuisement. Tous les soirs, elle joue le même spectacle, dans des lieux de plus en plus minables. Au fil des années, elle a usé ses boys, oublié leur nom. C’est numéro 14 et 15 qui l’accompagnent maintenant. C’est une vieille dame. Et heureusement, au théâtre contrairement au cinéma, c’est un emploi. Elles existent. Bien évidemment, certains verront un parallèle. Moi ce qui m’intéresse c’est de continuer à travailler, d’être toujours désirée par les metteurs en scène. C’est ma vie, ma passion, ce qui me définit. J’espère continuer encore longtemps.

Music-hall de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Marcial di Fonzo Bo,  au Théâtre du Petit-Saint-Martin, à partir du 4 octobre
Les règles du savoir-vivre de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Marcial di Fonzo Bo, au Théâtre du Petit-Saint-Martin, à partir du 11 octobre. 

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