Le mari, la femme, les amants. On connaît la chanson. Pourtant on ne s’en lasse pas. Car l’histoire de Madame Bovary, c’est un peu la nôtre nous dit Sophie Barthes dans cette adaptation résolument moderne du roman de Flaubert. De la difficulté de se résigner à la réalité et de renoncer à ses envies. Surtout pour cette éternelle adolescente qu’est ici Emma Bovary. Dans sa vie remplie de vide, les hommes débarquent tels des rayons de soleil : beaux, insolents et inconstants. Et Mia Wasikowska fait si bien vivre et mourir à petit feu cette toute jeune ingénue d’abord éblouie par ces mirages avant de déchanter quand chacun d’eux disparaît. Les amants passent, le mari reste, humilié mais impassible jusqu’au bout, ou presque. La cinéaste magnifie cette alternance d’euphorie passionnelle fantasmée et de désillusion chez chacun des personnages de Flaubert. Un contraste qui s’illustre dans le ballet de lumière savamment orchestré entre chaleur ocre et froideur grisâtre.

Le chef-d’oeuvre de Flaubert a subi un lifting, mais réussi. En effet le scénario signé Felipe Marino fait la part belle à la jeunesse en ne traitant que des débuts de vie de femme d’Emma. L’intrigue se concentre alors sur une seule année. Exit Emma la mère indigne, on ne s’attache ici qu’à sa relation aux hommes. Un rapport amoureux romantique quasi enfantin avec ses amants.

D’autant que la réalisatrice a choisi de les faire apparaître plus attrayants que jamais. Léon, le ténébreux romantique clerc de notaire (Ezra Miller) s’avère un peu trop maladroit et hésitant. Et le Marquis d’Andervilliers (Logan Marshall- Green) semble presque trop beau pour être vrai. Des acteurs sexy qui permettent néanmoins des scènes d’amour réalistes et modernes. Hormis ces deux petites réserves, le casting sert honorablement la cause du livre. Sur la question du chantage et du rapport malsain à l’argent, Rhys Ifans se révèle délicieusement détestable en impitoyable Monsieur Lheureux.
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