Le chanteur portugais, figure incontournable de la scène lisboète, nous a plongés hier soir au Théâtre de la Ville dans un moment joyeux et poétique pour ouvrir ce festival consacré aux artistes européens, de Lisaboa Houbrechts à Oona Doherty.
Qui oserait encore dire que la musique portugaise est condamnée à la mélancolie, à la saudade ? B. Fachada qui a ouvert hier le festival Chantiers d’Europeau Théâtre de la Ville, a offert sa joie, son humour, sa poétique désinvolture à un public de tous âges, en partie lusophone, ravi comme à un concert de rock. Auteur, compositeur, multi-instrumentiste et producteur, Bernardo Fachada de son vrai nom, est avant tout un parolier, qui travaille la langue. Et même si l’on ne parle pas portugais, l’on peut sentir l’écriture fine et délicate des chansons qu’il écrit et interprète, à la guitare acoustique ou au gré d’un agencement électro qu’il maîtrise lui-même. Comment définir sa musique ? À mi-chemin du rock, de la musique traditionnelle, de l’expérimental, et de la folk, pourrait-on dire. B. Fachada maîtrise un certain nombre de registres, que ce soit dans la musique, ou dans son interprétation, puisqu’il peut moduler sa voix selon les chansons. Ainsi au gré du concert, on a pu le voir chanter comme un rocker, ou susurrer comme un chanteur à textes, n’hésitant pas à jouer avec son public lusophone, lançant des blagues, ou les prenant à témoin. Seule constante, cette élégante légèreté qui n’a rien de la mélancolie portugaise attendue. Mais peut-être est-ce là un des premiers objectifs de Chantiers d’Europe, déjouer les clichés liés à diverses nationalités et cultures, permettant aux artistes des quatre coins du continent de venir transmettre leurs visions. Ainsi verrons-nous bientôt sur ces mêmes scènes du Théâtre de la Ville Lisaboa Houbrecht, la si prometteuse metteure en scène néerlandaise, nous donner son interprétation de Mère Courage, ou la jeune Irlandaise Oona Doherty nous mener, par sa danse théâtrale, dans l’univers noir et grotesque de l’abattoir où officiait son grand-père. Déjouer les attentes pour forger des lieux neufs de création et de dialogues, sans doute est-ce là aussi ce que promettent ces créations européennes, et ce qu’annonçait hier soir, à sa manière, le dandy portugais B. Fachada.
Chantiers d’Europe, Théâtre de la Ville, jusqu’au 29 juin. Plus d’infos sur www.theatredelaville-paris.com