Invité-star du dernier Étrange Festival, au Forum des Images, le cinéaste génialement barré de Café Flesh et Docteur Caligari revient pour nous sur une vie de créations sans garde-fous, difficilement imaginable aujourd’hui.
Comment tout ça a commencé pour vous ?
À 20 ans, en 73 à Londres, alors que j’assistais à un concert de Magma, mon groupe préféré, une fille française assis à côté de moi était en train de lire un numéro d’Hara Kiri. Je n’avais jamais entendu parler de ce journal et ça m’a renversé par l’incroyable liberté de ton et le grand délire qui parcourait les pages. Je tentais alors ma chance dans le dessin satirique et je me suis dit que c’était exactement ce que j’avais envie de faire aux États-Unis. Rentré là-bas, j’ai sonné à plusieurs portes de magazine lorsqu’un type qui bossait pour Oui, la version américaine de Lui, m’a conseillé d’aller à Colombus, dans l’Ohio, pour tenter ma chance auprès d’un certain Larry Flynt, un tenancier de bars à striptease qui venait de monter un magazine porno radical et provocateur avec de grandes ambitions. C’était Hustler.
Quel genre de personnage était Larry Flynt ?
C’était un progressiste qui haïssait le puritanisme, le racisme et l’hypocrisie américaine. Il n’avait pas peur de faire poser nues des filles noires à une époque où c’était encore tabou. Larry m’a d’abord acheté tout mon portfolio pour une belle somme, puis quelques jours plus tard, il m’a proposé de devenir le directeur artistique d’Hustler. Je me suis installé dans son ancien gogo bar transformé en studio de création (rires). Les publicitaires et les marques étaient effrayés par la ligne éditoriale totalement anar et ne prenaient presque pas de pages. Larrry m’a dit : « on s’en fout, créons nos propres pubs, à toi de t’en charger ». J’en ainsi réalisé un tas pour les produits dérivés du magazine, du vibromasseur à la poupée gonflable. Furieux que les marques de cigarettes nous snobent, il m’a demandé de contre-attaquer en détournant leurs visuels. J’ai fait un tabac avec une pub devenue célèbre mettant en scène deux cow-boys Marlboro en stade terminal dans leur chambre d’hôpital.

La suite de l’entretien est à découvrir dans le dernier numéro de Transfuge
Ressortie du film culte, Café Flesh
underground et transgressif à souhait