À Rennes, en, novembre, le festival du TNB ne rassemble pas moins de vingt-trois spectacles, performances, ballets et pièces de théâtre. Faisant la part belle à la jeune création, Arthur Nauzyciel signe une programmation au temps présent. 

Pour cette 6e édition, Arthur Nauzyciel, le directeur du lieu, ne déroge pas à la règle qu’il s’est fixé en 2017 : faire de cet événement annuel, un précipité de son projet artistique  dédié au spectacle vivant. Sous le signe de la « transmission », mot qu’il a choisi pour réunir les œuvres qu’il présente, le directeur du théâtre de Rennes conjugue les temps, multiplie les offres, les formes, entremêle créateurs reconnus et émergents. Dans l’optique de mettre l’accent sur la transmission, le TNB a voulu dépasser le simple cadre de la scène en proposant en parallèle à la cinquantaine de représentations, réparties sur tout le territoire rennais, un certain nombre de Workshops et de masterclass pour permettre au public, entre autres estudiantins, d’aller à la rencontre des professionnels programmés. 

 Mais venons à la riche programmation : en mettant en parallèle, Lavagem d’Alice Ripoll, œuvre qui dénonce la corruption du gouvernement brésilien et réclame à grandes eaux un rite purificateur, et we wear our wheels with pride and slap your streets with color… de la sud-africaine, Robyn Orlin, pièce chorégraphique arc-en-en-ciel et explosive, qui rend hommage aux Rickshaws de son enfance à Durban, Arthur Nauzyciel invite à un voyage à travers le monde, une réflexion au féminin engagé. C’est aussi dans cette volonté d’ouvrir nos regards sur la société, sur les drames qui menacent nos démocraties, qu’il programme le récit autobiographique et transidentitaire de Lauren Marx, porté au plateau par Léna Paugam, la sublime et percutante adaptation de Ludovic Lagarde du pamphlet anti-Trump d’Elfriede Jelinek,Sur la Voie royale, où explose le talent virtuose de Christèle Tual, la pièce documentaire hybride du duo Winter family, qui déconstruit sans langue de bois et en chanson le patriarcat, et l’immersion théâtralisée de la jeune Suzanne de Beacque dans le monde faussement fabuleux des Miss. 

Poursuivant son exploration des rapports humains et sociétaux, Arthur Nauzyciel, quant à lui, adapte La Ronde d’Arthur Schnitzler, en partenariat avec le Théâtre national de Prague et sa troupe. Inscrivant cette œuvre majeure du début du XIXe siècle, dans la continuité de ses dernières grandes fresques théâtrales, Place des Héros de Thomas Bernhard créé en 2004 à la Comédie-Française et La Dame aux camélias d’après Alexandre Dumas fils, monté en 2018 au TNB, il nous entraîne dans la folle farandole des alcôves, au cœur même des rapports de classe. 

Éclectique, alléchante autant que percutante, cette édition 2022 du festival du TNB est la belle promesse d’une saison haute en couleurs qui devrait secouer nos consciences et mettre à mal nos préjugés. Du grand et beau théâtre en perspective !

Festival du TNB, du 15 au 27 novembre 2022