En écho à la rétrospective de la Fondation Louis Vuitton, la galerie David Zwirner présente une exposition de Gerhard Richter qui explore la peinture comme pensée du regard et de la représentation. Sublime !

Gerhard Richter. KI. Badende (Small Bather), 1994. Huile sur toile © Gerhard Richter 2025 (20102025).Courtesy the artist and David Zwirner.

Pour Gerhard Richter, la représentation n’existe qu’à travers son raffinement, sa transformation. Toujours médiatisée, reprise, déplacée, l’image passe par la photographie, le dessin ou le reflet avant d’atteindre la toile. Loin de traduire une hésitation, ce passage relève d’une forme d’attention, d’une nécessité d’interroger l’histoire de l’art mais également la distance entre le sujet vu et le sujet peint. Omniprésent et souverain, le flou, si caractéristique du peintre allemand, n’établit dès lors pas tant une sensation de mise au point qu’une manière de laisser subsister l’incertitude, de rappeler que le regard trouve sa vérité dans cet interstice trouble où le motif s’estompe, se dilue et s’évanouit parfois jusqu’à l’effacement à la faveur d’une présence devenue presque mémorielle.

En contrepoint de la grande rétrospective de la Fondation Louis Vuitton, l’exposition présentée à la galerie David Zwirner réunit plusieurs jalons de cette œuvre profuse. Aux côtés d’une délicate nature morte (Blumen) et du corps nu d’une baigneuse (Small Bather) réalisés dans les années 1990, les Abstrakte Bilder des années 2000 déploient cette même force au cœur de la couleur même, tant cette dernière se retrouve reprise et étirée, chaque passage du racloir conservant alors la trace du précédent. Avec Strip (2024), elle se transpose dans la trame numérique où l’image se dissout en bandes colorées, toutes ordonnées comme autant de fragments d’un continuum lumineux. Les dessins récents, réalisés à l’encre et au graphite, ramènent cette exploration à l’échelle du trait, tandis que les miroirs et les panneaux de verre engagent le spectateur dans l’espace même de l’œuvre, comme si la peinture, après tant de détours, retrouvait dans le reflet la possibilité d’exister et de se renouveler, encore et toujours.

Gerhardt Richter, jusqu’au 20 décembre, www.davidzwirner.com