Lélia Demoisy

Un arbre peut-il devenir une œuvre d’art ? Cette question semble simple, et à l’aune des préoccupations actuelles quant à la préservation de la nature, elle semble aussi banale tant il y a d’œuvres qui représentent arbres et autres plantes. Lélia Demoisy (née en 1991, diplômée des Arts Décoratifs de Paris) va au-delà, engageant une relation fusionnelle avec les troncs, branches et autres souches qu’elle glane. Le matériau naturel renaît sous ses gestes, se métamorphose, s’hybride. Il devient ossement, urne, animal. Des sculptures douées d’émotion. Le musée de la Chasse et de la Nature vient d’en acquérir une et la Maison des champagnes Ruinart ne s’y est pas trompée en invitant l’artiste à créer une installation dans le parc de son domaine historique à Reims. D’autres œuvres ont été présentées début avril sur la foire Art Paris. Une nouvelle manière de penser le Land Art ?

Conversations avec la nature, Maison Ruinart, 4 rue des Crayères, Reims, ruinart.com

Raphaëlle Bertran

Lieu caché, exposition sur rendez-vous, jeunes talents artistiques, réseau de collectionneurs privilégiés, voici la recette DARMO qui réunit depuis 2018 deux anciens copains de classe, Alexis de Bernède et Marius-Jacob Gismondi. Dans leur écurie, une poignée d’artistes dont la peintre Raphaëlle Bertran (née en 1992, diplômée des Beaux-Arts de Paris). Dans ses ambitieuses peintures, les formes se révèlent lentement depuis des sous-couches ténébreuses. Aspect spectral. On pense aux traces pariétales de Lascaux. Toiles à mémoire où les citations à l’histoire de l’art abondent, mais discrètement. L’artiste, érudite, s’inspire de ses lectures, de Pierre Michon aux philosophes antiques. Les nouvelles œuvres sont plus petites et plus criardes et font penser au Blau Reiter. Il ne lui reste plus qu’à se détacher des anciens pour prendre son envol.

Raphaëlle Bertran, exposée par DARMO et lauréate de la 1ère édition du Darmo Art Prize, Darmoart.com

Milan Jespers

Elles ont une densité particulière, à la manière de rehauts colorés qui viendraient redonner vie et modernité à des images anciennes. À la manière de tatouages minutieux, appliqués comme de nouvelles peaux venues bousculer les normes établies. Ses aquarelles miment la porcelaine et en prennent l’aspect velouté et soyeux tandis qu’il joue avec l’image d’archive en reprenant les codes des anciennes photographies ethnographiques. Découvert sur la foire Drawing Now fin mars, le trait subtil de l’artiste belge Milan Jespers (née en 1992) est aussi sensuel que virtuose. Amoureux du document et de l’histoire, il interroge des représentations du passé tout en simulant l’illusion d’une réincarnation iconographique. « Je m’attache à recréer ce qui pourrait s’apparenter à des archives fictives d’un naturaliste de la fin du XIXe siècle », explique-t-il.

Milan Jespers, régulièrement exposé par la galerie Huberty and Breyne, hubertybreyne.com