Le Printemps du Bal à la Philharmonie, c’est un weekend parisien où la modernité des traditions régionales inspire danses, débats et cinéma mixé en direct. 

La tradition serait-elle devenue la véritable avant-garde ? Une voie directe se trace des musiques régionales vers la pointe de l’expérimentation contemporaine, avec des agitateurs musicaux comme Emmanuelle Parrenin (scène revivaliste), Erwan Keravec (sonneur breton avant-gardiste) et Cocanha (duo polyphonique hypnotique d’Oc), Clica Dròna et Romain Baudoin (Gascogne), Ciac Boum (Poitou), Kimu Txalaparta (Pays Basque) ou Cheval de trait (Finistère). Tous sont là, au Printemps du Bal. En danse aussi de telles combinaisons existent, mais le parti pris à la Philharmonie de Paris se concentre sur le côté participatif, avec un bal trad, un live-cinéma, un colloque, des ateliers de danse et des concerts-promenades au Musée de la musique. Deux « passeurs de danse » feront valser le peuple lors d’ateliers d’initiation, pour l’aider à surmonter d’éventuelles inhibitions. Car Paris n’est pas un terroir où la teuf se fait en pas de bourrée. En matière de branle, Paris pratique la sobriété. Enfin, presque. Les habitués savent où se rendre, même à Paname. Mais quid d’un public qui a l’habitude de s’abonner à une saison de concerts ou spectacles chorégraphiques ? On espère donc que le weekend à la Philharmonie réussira à élargir le cercle des bals folk et que les participants du colloque, annoncé sous le thème Le bal : communion, invention, subversion, n’en resteront pas à la théorie. 

Ce weekend encore expérimental est orchestré par Vincent Moon qui se définit comme « cinéaste nomade à la recherche de musiques et de sacré » et qui annonce : « Ce ne sont pas forcément des danses de couples ou des pas de danses traditionnelles qui nous intéressent, mais cette énergie de faire communauté à travers la danse et la musique », humainement comme spirituellement. Tout commence le jour où il découvre un film documentaire – et passionné – sur un énorme rassemblement annuel d’adeptes de bals et de Fest Noz, le plus grand de France et peut-être dans le monde, un événement effervescent qui dure sept jours et huit nuits, où on suit des ateliers en journée et s’éclate au bal trad soir après soir, au gré des régions. Ce film, c’est Le Grand bal de Laetitia Carton, sorti en 2018. « Une claque », confirme Moon qui, après avoir bourlingué à travers le monde en recherche de communautés traditionnelles, se rend compte que la France n’est plus l’angle mort de la passion pour les cultures régionales. Le « bon petit Parisien », comme il dit, commence à fouiller en son pays et découvre les bals modernes, où les racines se réinventent. Aussi il se lance, avec la réalisatrice Priscilla Telmon, dans une série de documentaires sur les pratiques actuelles en matière de traditions musicales. Et si ce n’est pas à Paris qu’on filmera les sonneurs de cornemuse, Moon fera danser les images documentaires prises ailleurs, mixant en direct un live-cinéma, à partir d’images qui résonneront avec les musiques traditionnelles réimaginées et jouées en live. Et pendant ce temps, d’autres s’agitent, juste à côté, en mode « bal contact »…

Le Printemps du bal à la Philharmonie de Paris du 3 au 5 mai