S.A Cosby, nouveau maître du polar, revient avec Le sang des innocents, roman en Virginie où se mêlent racisme anti-noir et crise des opioïdes.

Son éditeur français le dit haut et fort. En trois romans, S.A. Cosby s’est imposé comme « une voix incontournable et un maître du thriller américain ». Après Les routes oubliées et La colère, étonnante variation sur l’amour et les regrets, voici Le sang des innocents. « Si le roman est une forme littéraire qui se nourrit de la tension, quel meilleur cadre imaginer pour un récit que le Sud hanté par son passé ? Nos fantômes sont les braises qui couvent sous la cendre, et sur lesquels nos écrivains n’ont qu’à souffler », dit le romancier David Joy en préface. Nous voici prévenus avant d’entamer une visite du minuscule comté de Charon. Un endroit du Sud des États-Unis qui a connu son lot de tourments au fil des décennies mais qui semble plutôt tranquille ces dernières années. Seuls deux meurtres y ont été enregistrés. Un terrible mois de novembre, un drame va venir assombrir le tableau. Et donner pas mal de fil à retordre au shérif Titus Crown, ex-agent du FBI dont il a démissionné. Cet homme noir d’un mètre quatre-vingt-dix dont le réveil sonne à sept heures doit sa cicatrice en forme de point d’interrogation sur le torse à un « suprémaciste blanc, nationaliste chrétien, milicien patriote et, l’espace d’un instant, aspirant martyr » ayant décidé de se faire exploser devant lui… L’élection de Titus Crown au poste de shérif n’a pas fait plaisir à tous les habitants du coin, loin de là. Il va de nouveau avoir fort à faire quand une fusillade se déclare au lycée Jefferson Davis où il a étudié jadis. M. Spearman, professeur de géographie apprécié de tous, récompensé « Meilleur enseignant de l’année » par le Rotary local, a été abattu par un tir de carabine à gros calibre. Le tueur serait Latrell MacDonald, un garçon manifestement perturbé, qui tombe sous les balles des adjoints de Titus Crown en tenant un masque de loup à la main. L’affaire ne fait que commencer. L’inspection du téléphone portable du défunt professeur constitue un choc pour le shérif. Les images qu’il y découvre dépassent son entendement en matière d’horreur. Outre Spearman et Latrell, un troisième personnage apparaît sur les photos et les vidéos. Un homme blanc. Vaille que vaille, Titus Crown va devoir suivre la procédure et garder son calme pendant l’enquête l’amenant sur les traces d’un tueur en série… S.A. Cosby connaît bien la complexité de la Virginie qu’il peint sans fards dans Le sang des innocents, salué par Stephen King dans le New York Times à sa parution. Romancier habile et efficace, S.A Cosby s’attèle à montrer les dessous d’une petite ville où les rumeurs vont bon train et où les rancœurs peuvent exploser à tout moment. En prenant soin de creuser la part d’ombre que garde son héros à l’intérieur de lui. Un shérif Crown portant d’un bout à l’autre le sang des innocents.

S.A. Cosby, Le sang des innocents, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Szczeciner, Sonatine, 397p., 23€