La Biennale de la revue Artpress met en avant avec brio une trentaine de jeunes diplômés  dans trois lieux emblématiques de Montpellier.

La première édition de la biennale  Après l’école  avait permis de découvrir les œuvres d’artistes travaillant avec la nature, tels Masahiro Suzuki, Charles Le Hyaric, Clément Davout et Sophie Blet. Cette année, l’écologie est à nouveau au rendez-vous. L’exposition thématique au MO.CO. La Panacée débute par une exploration de notre relation au vivant à travers les matériaux que sont le feu, le bois, la terre et le pollen. Celia Cassaï travaille en osmose avec la nature pour créer des œuvres qui rejouent les mutations, telle de l’eau salée s’écoulant de récipients en céramique afin de reformer des marais salants. L’artiste Ugo Lange pense lui aussi la relation entre les vivants en hybridant figures humaines et végétaux. Ses aquarelles chatoyantes aux allures de bandes dessinées représentent un homme devenu corail tandis qu’un champignon s’humanise. L’hybridation est aussi au cœur des dessins animés aux couleurs tout aussi vives de Jeremy Griffaud. Mais l’idée est plutôt ici de rire des stéréotypes du mâle alpha, avec ses arbres bras musclés, et de l’omniprésence des nouvelles technologies. Mélissa Medan parlerait plutôt d’omniscience. Dans ses films, l’artiste s’intéresse aux conséquences des usages du numérique sur les relations humaines. Ses films, collages d’images et sons glanés sur internet associés à des voix d’assistants vocaux, illustrent non sans humour le formatage et la déshumanisation. Autre ancienne étudiante de l’école du Fresnoy, Melisa Liebenthal explore son identité à l’aide de google streetview. Où se sent-elle réellement chez elle ? De la France à l’Argentine en passant par l’Allemagne, elle voyage entre le passé et le présent, traverse l’histoire de sa famille et la représentation de la femme. Les ready-mades de Louise-Margot Décombas puisent eux aussi dans son histoire personnelle. La jeune femme redonne vie au balcon de la résidence balnéaire de ses vacances, l’objet kitsch devenant une sculpture minimaliste pop, deux courants artistiques que tout semblait opposer. Les derniers artistes à avoir retenu notre attention sont exposés au Musée Fabre aux côtés des peintres de la modernité. Ces rapprochements, en révélant les concordances formelles et théoriques, inscrivent les jeunes artistes dans une tradition picturale. Les dessins abstraits de Thomas Gasquet sur tableau blanc effaçable rencontrent une peinture de Shigeru Izumi. Avec ses tirages chromogènes, Laure Tiberghien expérimente la couleur et la lumière, tout comme le fit Marcelle Loubchansky. Enfin Raphaël-Bachir Osman fait se rencontrer représentations hyperréalistes et touches expressionnistes. Tous trois expérimentent une peinture capable de s’extraire du sanctuaire de l’art abstrait en quête de pureté, de dialoguer avec le réel, afin de participer à la circulation entre les territoires et les matériaux, caractéristique de tous les jeunes artistes remarqués lors cette biennale. 

Après l’école, Biennale Artpress des jeunes artistes. MO.CO. La Panacée. Musée Fabre. Espace Dominique Bagouet. Jusqu’au 8 janvier 2023. www.artpress.com/biennale