Robert le Cochon et les kidnappeurs inaugure le festival lyrique dédié à la jeunesse de l’Opéra Comique, « Mon Premier Festival d’Opéra ». Un enchantement à la musique signée Marc-Olivier Dupin.

Tout commence par une première phrase, « C’était la nuit ». Un vieux hibou, perché sur un tronc, lance l’histoire. Nous sommes dans une décharge, surnommée le « dépotoir », un décor bariolé, composé de sacs-poubelles, d’objets de toutes sortes, et d’une fusée. L’univers de Marc-OIivier Dupin et d’Ivan Grinberg s’inscrit dans la tradition du conte, entre burlesque et merveilleux. Et l’on retrouve dans cet opéra crée en 2014 avec succès, ce qui nous a enchantés dans les autres compositions de Marc-Olivier Dupin, notamment Le mystère de l’écureuil bleu, créé à l’Opéra Comique en 2016 pour la jeunesse déjà, ou plus récemment, la musique écrite pour Le Malade imaginaire à la Comédie-Française : le nuancier d’écriture, la délicatesse des airs, la puissance théâtrale de cette musique. Celle-ci se plie à l’univers pensé par Ivan Grinberg, nous pourrions être chez Tomi Ungerer, mais dans une veine plus farcesque. La musique comme le livret se révèlent bondissants et délurés, empruntant les ressorts et les airs de l’opéra-comique, mais dans une langue simple et un format ouverts aux enfants. Une grenouille, un loup, Trashella, une « reine des poubelles » qui n’a rien à envier à Cruella, et bien sûr, Robert le cochon, apparaissent sur scène, dansant et chantant. L’une rêve d’amour, l’autre de partir dans sa fusée, et le troisième de rester vautré dans la boue. Tout va pour le mieux, jusqu’à ce que Louyaplu s’allie à la Reine pour capturer le loup,  Mercibocou : l’aventure commence, certains y laisseront des plumes, ( enfin tout finira bien, rassurons-nous). Dans la fosse, Marc-Olivier Dupin dirige les treize musiciens des Frivolités Parisiennes avec tact et finesse. Ils s’amusent, faisant résonner la chouette, ou le loup, en ouverture. Tout spectacle destiné aux enfants implique un rythme soutenu. Sur scène, les chanteurs excellent à changer de rôle, et de costumes en coulisse. Ainsi, la soprano Faustine de Monès qui incarne « Nouille la Grenouille » et « La Lune », réussit ses changements de rôle avec brio, et nous offre de beaux instants lyriques. Il fallait voir ce mercredi après-midi, Favart rempli d’enfants de moins de dix ans, entendre leurs ébahissements, leurs applaudissements, et leurs questions à l’issue de la représentation, pour saisir que Robert le cochon et les kidnappeurs touche juste. Ce premier spectacle ouvre le festival destiné à la jeunesse, « Mon Premier Festival d’Opéra » qu’organise chaque année l’Opéra Comique, et en donne le ton et la volonté ; offrir des œuvres qui font preuve de la rigueur et de la richesse d’un opéra dit « pour adultes », afin de permettre aux plus jeunes, d’entrer dans le rêve de l’opéra.

Robert le Cochon et les kidnappeurs, de Marc-Olivier Dupin et Ivan Grinberg, à l’Opéra Comique, jusqu’au 10 avril. Plus d’infos sur www.opera-comique.com