Explorant les souvenirs du théâtre du Gymnase à Marseille, François Cervantes invite à une douce rêverie sur l’art vivant dans un quartier populaire. 

Au cœur de la Canebière, le théâtre du Gymnase impose sa belle façade néoclassique, construite en 1804 par l’architecte Paul Audibert. Salle à l’italienne où les ors défraîchis des moulures se conjuguent avec le bleu turquoise des sièges, le lieu exhale une douce odeur de poussière et de nostalgie. Le bâtiment a vu passer des artistes, des histoires d’amour, des ruptures, des pertes, des coups durs. Plongeant dans la mémoire vive du théâtre, qui a failli être détruit dans les années quatre-vingt, sauvé in extremis par l’intervention d’Armand Hammer, un mécène américain, dont la légende édulcorée sert de fil rouge à la pièce, François Cervantes imagine un conte poétique et mélancolique qui murmure son amour pour l’art vivant et lui redonne une place essentielle dans nos quotidiens. 

Construit comme un spectacle de cabaret, le récit de l’auteur et metteur en scène marseillais s’intéresse à la force vitale des rencontres, du hasard de la vie. De l’enfant que des parents ont laissé à la charge d’un cousin éloigné, qui fait le taxi pour survivre, à la charmante architecte libanaise à qui l’on a demandé de rénover tout un quartier de cette ville imaginaire, qui ressemble à Marseille, à la femme battue, à la fille-mère de seize ans que la vie n’a pas épargnée, François Cervantes esquisse, à travers ces existences malmenées, le portrait d’une cité bouillonnante, d’un microcosme dont le théâtre serait le cœur palpitant, l’âme réconfortante.  

S’appuyant sur le jeu de ses comédiens, porté par la présence irradiante de Catherine Germain, le spectacle nous invite à entrer dans une tendre ronde. Entremêlant instants de vie et numéros désuets, saynètes d’un autre temps, d’une autre époque, François Cervantes remet le spectacle vivant, qui nous a tant manqué la saison dernière, à son juste endroit, celui du rêve, de la réflexion, de la consolation. Avec Le Cabaret des absents, c’est une ribambelle d’artistes, de corps de métier, dont certains ne sont plus présents que dans nos mémoires, qui se rappellent à notre souvenir. Vieux clowns, danseur cygne, savant fou, chanteuse en noir, autant de figures inaltérables. 

Le cabaret des absents de François Cervantes, du 23 au 30 septembre 2021 au Théâtre du Gymnase, Marseille, du 5 et 6 octobre 2021 au Domaine d’O, Montpellier, le 12 octobre 2021 au Cratère, scène nationale, Alès, le 15 octobre 2021 au Liberté, scène nationale, Toulon.

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