Au théâtre de la Porte Saint-Martin, Zabou Breitman évoque à travers des articles du New Yorker, la vie et l’œuvre de Dorothy Parker.

Poétesse, scénariste pour Hollywood, plume caustique du VogueAméricain, critique de théâtre du New Yorker, Dorothy Parker est une légende. Devenue figure iconique de la critique new-yorkaise radicale dans son travail, comme dans sa vie, fumant, buvant, courant aux spectacles. Ses traits d’humour, son ton acéré, mordant, son regard sans concession sur la société américaine conservatrice et urbaine du XXe siècle dans ce qu’elle a de plus hypocrite, font d’elle un personnage unique. Féministe, défenseur des droits des Afro-Américains, elle léguera à sa mort sa fortune, les dettes en moins, à Martin Luther King, qu’elle n’a jamais rencontré mais dont elle admire les combats. 

Avec beaucoup de délicatesse, Zabou Breitman s’empare de cette figure du New York intellectuel pour en faire un portrait en creux, par touches légères. En commençant par conter le périple des cendres de Dorothy Parker, qui décédée et incinérée en 1967, n’ont trouvé leur place définitive qu’en 2021. Par cette entrée en matière un peu saugrenue, la comédienne et metteuse en scène montre ainsi l’étrange parallèle tragicomique entre la vie et la mort de cette femme d’exception. 

Dans un décor conçu comme un écrin de vieux objets, de vieux magazines, de vieux meubles, Zabou Breitman virevolte, gracieuse, enjouée, lumineuse. Sans essayer d’imiter Dorothy Parker ou de l’incarner, elle donne vie à celle qui a choisi comme épitaphe, « Excusez-moi pour la poussière », à travers cinq de ses écrits cinglants mais humains. De l’indélicatesse d’un homme qui parle à sa fiancée d’une autre femme, à l’alcoolisme forcené de cet autre gentleman harassé par le travail qui entraîne sa femme dans un bar clandestin, prohibition oblige, en passant par ses propres déboires amoureux, la comédienne nous entraîne dans un tourbillon de mots, d’anecdotes qui font entendre la pensée fulgurante de celle que ses amis surnommaient The Wit –esprit vif.

Seule aux manettes des lumières et du son, qu’elle règle en direct telle une cheffe d’orchestre, Zabou Breitman s’amuse follement sur scène. Et donne à son spectacle un côté artisanal très séduisant.

Dorothy d’après les écrits de Dorothy Parker, avec Zabou Breitman. Du 3 septembre au 24 octobre au Théâtre de la Porte Saint-Martin

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