Au début des années quatre-vingt, Manoel de Oliveira tourne son film posthume.Une oeuvre conçue pour être projetée après sa mort. Oliveira est à l’écran, nous parle, regard caméra. Jamais il n’a été aussi présent que dans ce film de l’audelà. Cette présence spectrale apparaît après une longue déambulation dans sa propre maison, celle qu’il a habitée avec sa femme tant aimée pendant quarante ans et qu’il dut revendre pour éponger ses dettes. Une maison visitée par deux âmes qui se répondent, deux âmes invisibles mais dont on entend les voix et qui finissent par comprendre petit à petit ce qui se joue parmi ces objets et ces pièces inhabitées : une existence. Réalisé à l’âge de soixante-dix ans passés, ce petit film constituait un acte de renaissance artistique, inaugurant la pluie de chefs-d’oeuvre des années quatre-vingt et quatrevingt- dix. Avec et par le cinéma, Oliveira n’a fait que déjouer la mort.