une semaine« Film de deuil », l’expression est devenue une tarte à la crème. Mais le défi demeure : comment filmer ce moment de temps suspendu, cette période d’apesanteur psychique et sociale, où, comme Eyal et sa femme, Vicky, dont le fils vient de mourir, on flotte entre le monde des vivants et des morts ? Le réalisateur israélien Asaph Polonsky (voir l’interview p.18), dans un premier long maîtrisé (espaces filmés au cordeau, jeu millimétré) trouve une réponse inattendue : la comédie. Et pas n’importe laquelle, mais celle qui régresse, dans la mouvance des burlesques immatures façon Farrelly, mais tempérée par une espièglerie enfantine, et par la gravité. La crise d’adolescence à retardement d’Eyal, qui se plonge dans les délices de la fumette avec son slacker  de jeune voisin, Zooler, est ainsi une façon d’arrêter le temps. D’ouvrir un territoire hors du monde, des contraintes sociales. Une vie en marge de l’existence ordinaire, comme celle des spectres, comme si on était encore un peu aux côtés des disparus.