WILDLIFEInspiré d’un roman de Richard Ford, le premier film de l’acteur Paul Dano (There Will Be Blood, La Dernière Piste, Love and Mercy) ambitionne de décrire sans pathos ni jugement moral la déliquescence d’un couple marié dans l’Amérique de la fin des années cinquante. Voilà qui pourrait être séduisant d’autant que, malgré la cohorte de mesquineries et de mensonges qui accompagne l’effondrement conjugal, les personnages conservent ici leur dignité et leur complexité. Mais voilà le hic : ils les conservent tellement, leur dignité et leur complexité, que l’ouvrage ne se départit jamais de quelque chose de joli et de poli, voire de compassé (les cadres sont soignés, les acteurs travaillent ostensiblement la nuance, la restitution de l’époque est léchée). On est loin de Douglas Sirk ou de Todd Haynes chez qui la réalisation est contenue afin de mieux laisser affleurer les brûlures intimes les plus incandescentes. Ici, malheureusement, rien ne vient transcender ou déséquilibrer la raideur de l’ensemble.