the rideTous les ans, deux semaines durant, la terre du Dakota résonne sous le martèlement des sabots des chevaux d’une troupe de Lakotas. Le documentaire de Stéphanie Gillard filme une cavalcade annuelle, ce moment où les descendants des victimes du massacre de Wounded Knee (1890), refont le parcours de leurs ancêtres. La caméra de Stéphanie Gillard est d’une grande justesse : elle sait toujours se placer. Suffisamment près pour capter les visages des uns et des autres, nous familiariser avec ceux qui, au bout du film, nous deviennent des compagnons, tant certains sont de véritables « personnages ». Suffisamment loin aussi. Comme pour nous signifier qu’elle capte autre chose que ce qu’on voit. Car The Ride fait apparaître, en filigrane, tout ce que cette chevauchée remue de fantômes. Les ancêtres massacrés, bien sûr, mais aussi le statut des Amérindiens, rendus comme invisibles parmi leurs concitoyens américains, leur langue, qui double comme un souvenir permanent l’anglais… Ou comment faire vivre le passé dans le présent, à la manière des récits de Sherman Alexie.