Suite au succès de Moonlight, Barry Jenkins s’attaque au monument blues de James Baldwin avec une conviction de chaque plan qui force le respect. Jenkins filme l’amour entre Tish, dix-neuf ans et Fonny, vingt-deux ans comme un miracle. Un diamant éclatant que la société répressive WASP va tenter de ternir en faisant accuser Fonny du viol d’une Portoricaine. Chaque séquence est une prière, une oraison : les amoureux s’enlacent au ralenti, les parents du couple se chamaillent ou trinquent à propos de la naissance de leur futur petit-fils en gros plans successifs dans des couleurs saturées. La voix douce de Tish, les travelings lents et le jazz mystique concourent à enlacer le récit d’une solennité lumineuse et triste à la fois qui n’est pas sans rappeler le lyrisme mystique de Malick mais aussi le ton paroxystique de Douglas Sirk. En fin de compte, ce n’est ni la prose de Baldwin, ni la vigueur de son regard politique que cherche en premier lieu à retranscrire Jenkins mais plutôt l’intensité de sa propre lecture.
SI BEALE STREET POUVAIT PARLER
De Barry Jenkins, avec KiKi Layne, Stephan James, Regina King...