Au dernier Festival de Cannes, Soleil de plomb est reparti avec le Prix du jury Un certain regard. On ne peut que se réjouir de cette récompense pour Dalibor Matanic tant le film est l’un des grands événements marquants de la Quinzaine. Soleil de plomb est une fresque éclatée, divisée en trois périodes situées à dix ans d’intervalle, avant, après et encore après la guerre en Yougoslavie. Dans chacune d’entre elles, une histoire d’amour est campée par les mêmes comédiens qui ne jouent pas forcément les mêmes personnages. C’est l’idée forte du film : inventer un amour absolu et interdit, une passion à la Roméo et Juliette qui resterait étanche à l’Histoire. Faire l’expérience d’un idéal sentimental, imperméable au temps. La première partie se situe en 1991, à la veille des toutes premières salves. Impossible de savoir qui de Jelena et Ivan, les deux amants, est croate ou serbe. Le cinéaste instille une confusion pour désigner l’absurdité des cloisonnements géographiques. Confusion qu’il étend à la surface des plans : au bord de la mer surgissent des militaires. Sur quel territoire nse situent Jelena et Ivan ? Croyant son amour plus fort que tout, Ivan va au-devant des lignes ennemies. Des soldats barrent une route, installant une frontière au milieu du paysage. Devant eux, Ivan, jeune idéaliste amoureux, croit pouvoir leur faire baisser les armes en jouant une sérénade à la trompette à Jelena. Cette première partie est de loin la plus lyrique et la plus mortifère de toutes : le cinéaste réduit à néant les déclamations musicales, candides, d’Ivan.
Trouble érotique
Le film passe dans la deuxième partie sous un climat plus érotique. 2001 : la guerre est finie. Natasa est de retour chez elle avec sa mère. Son frère a été tué pendant la guerre. Un jeune homme du camp ennemi se propose de les aider à rebâtir leur maison détruite. […]
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