prejudicePour son premier long, Antoine Cuypers se jette à corps filme un huis clos empreint de cette lueur cachée digne des meilleures tragédies familiales. Vivant toujours chez ses parents à plus de trente ans, le canard boiteux de la fratrie profite d’un repas de famille pour régler violemment ses comptes avec chacun entre agressivité et sentiment de persécution.  Nathalie Baye excelle en cruelle mère courage. Arno brille dans la nuit en vieil ours désespéré par leur fils assisté, fou de haine, dont chaque geste laisse présager le pire. Pour accentuer cette tension, le réalisateur use d’effets de flous et de bord cadre mère-fils qui offrent des plans d’une rare beauté. On retiendra cette scène de pluie qui s’abat sur le fils maudit pendant qu’on s’agite autour de lui au rythme crescendo  des percussions. Ou cette caméra qui flotte comme un couperet au-dessus de l’enfant rôdant dans les couloirs de la maison. Si le bilboquet a remplacé le vélo, nul ne pourra s’empêcher de songer à un Shining  version belge.