personal shopperUn bon fantôme est un fantôme vivant. Faux paradoxe, vérité de cinéma : le spectre n’a de sens qu’invoqué dans notre présent. Que s’il est vraiment, littéralement, un revenant. Maureen (Kristen Stewart, impeccable) vit de la vie tourbillonnante d’aujourd’hui : acheteuse de fringues pour une nantie despotique, elle saute de scooter en Eurostar, de boutique en boutique. Mais Maureen est aussi médium, avec la hantise, à tous les sens du terme, d’un frère jumeau mort. Médium, c’est-à-dire porte tournante entre l’ici-bas et l’au-delà, mais aussi entre un imaginaire spectral très romantique – ectoplasmes d’antan, ombre de Victor Hugo – et notre hyper-modernité connectée. Car cette dernière a la texture vaporeuse des spectres : culte fashion de la surface, modes de communication dématérialisés, agitation permanente qui nous rend impalpables… Ni condamnation, ni éloge dans ce Personal Shopper , qui a empoché le Prix de la mise en scène à Cannes cette année, mais simple constat ontologique : nous sommes des fantômes vivants.