navajoIl y a près de 25 ans, la musicologue et documentariste Lorenza Garcia ressortit subjuguée de sa rencontre avec des chamanes de nations amérindiennes Navajos, de passage à Paris. Elle leur fit alors une promesse : faire connaître et défendre leur culture en France. Pari tenu et réussi avec Navajo Songline,éloge des vertus de la nature, du temps long et des pouvoirs de la résilience. Autrefois pillés par les pionniers du Grand Ouest, qui tuèrent leurs bisons et brûlèrent leurs villages, les Navajos furent aussi déplacés arbitrairement. Face à l’adversité, ils s’accrochent depuis toujours à leurs terres ancestrales, à leurs chants et à leurs traditions. Ils révèrent plus que tout le “hozho”, l’harmonie avec le ciel et la terre. Dans son film, Lorenza Garcia prend le temps de parcourir avec nous leur territoire de Monument Valley, grand comme deux fois la Belgique. Sur la route de latérite, elle vient en toute confiance, en amie. D’où la force de ses entretiens avec des chefs coutumiers, des élus politiques, des activistes, des chamanes, des musiciens, des mères de famille… Leur humilité contraste avec l’aspect spectaculaire de ce vaste territoire, fait de paysages époustouflants, allégories univoques de la Conquête de l’Ouest en cinémascope. Avec sérénité, mais détermination, tous lui disent l’importance de leurs combats pour défendre leur terre contre les projets de mines d’uranium, contre la raréfaction de l’eau, ou pour le droit à l’autodétermination du peuple Navajo.”La recherche de l’harmonie est une posture à adopter en toutes circonstances, même lorsque le ciel gronde. Elle ne dépend pas du retour au ciel bleu”, nous dit Lorenza Garcia. Plus encore qu’un choc esthétique, Navajo Songlineest la restitution authentique d’une philosophie de vie, intranquille et intransigeante, face à un modèle de société nord-américain, qui schématise les cultures pour mieux les banaliser et les commercialiser.