Noah Baumbach possède un univers bien à lui, peuplé de jeunes adultes, souvent new-yorkais comme ici, qui s’interrogent sur leur existence. Dans cette nouvelle comédie, il dépeint la relation complexe entre Tracy, étudiante solitaire qui rêve d’écrire, et Brooke (étonnante Greta Gerwig), qui est à l’inverse très sûre d’elle, intégrée aux milieux branchés. On retrouve ici avec bonheur la mise en scène soignée et la fausse légèreté auxquelles le cinéaste nous a habitués. Il traite à nouveau de son éternel sujet : l’amitié, et ce qu’elle peut engendrer en termes d’admiration, d’affection ou de rancoeur. Comme dans Frances Ha  ou le très sous-estimé While We’re Young , Baumbach évoque la confiance trahie, et ce qu’il peut être encore possible de construire une fois digérées les illusions perdues. Si Mistress America  se disperse parfois un peu et n’atteint pas le magnifique équilibre comico-tragique de ses prédécesseurs, il poursuit néanmoins la musique sensible d’un auteur précieux, au regard lucide, sans aigreur, et au ton désenchanté sans pessimisme.