habitantsLe voilà reparti sur les routes, de Charleville-Mézières à Nice, de Sète à Cherbourg. Mais cette fois, point de paysans, de politiciens, d’urgentistes, de paparazzi à suivre. Comme dans Journal de France , Depardon filme des badauds. Mais il s’efface pour les laisser mener leurs conversations devant sa caméra fixe. Une mère sermonne son fils, une femme épanche son racisme, deux copains parlent de meufs en s’apostrophant d’un « gros » à chaque phrase. Derrière eux, à travers une fenêtre, on aperçoitd’autres quidams, d’autres histoires possibles. Il y a dans Les Habitants  quelque chose du film à sketches. Certains épisodes sont savoureux, d’autres plus lénifiants. Ces différents moments séparés par de longs plans de la caravane sillonnant les routes (sur la musique de Desplat) tentent de dessiner une cartographie du pays dans sa diversité et sa quotidienneté. Quand le film s’achève, il pourrait continuer encore longtemps. Au-delà du portrait demeure une interrogation. Comment Depardon est-il une fois de plus parvenu à faire oublier sa présence, à faire advenir si aisément la parole, à retirer toute pause à ses « acteurs » d’un jour ? Par sa simplicité et son naturel, Les Habitants  nous interpellent.