jeannetteC’est peu dire que depuis P’tit Quinquin (2014), l’auteur des très graves L’Humanité et Camille Claudel – 1915 prend un virage artistique inattendu : celui non pas de la seule fantaisie, mais de la perte de gravité, littéralement. En droite ligne du précédent Ma Loute (2016), Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc est le terrain réjouissant d’une libération des corps, volontiers sautillants et dansants, mais aussi des voix. En deux temps, Bruno Dumont f ilme une Jeanne d’Arc découvrant sa vocation de résistante à l’envahisseur anglais, sous l’oeil de son amie Hauviette puis de son oncle Durand Lassois. Portés par les chorégraphies de Philippe Decouflé et les chansons d’inspiration métal d’Igorrr, les personnages donnent vie à une comédie musicale déroutante et impure. Tout en maladresses et pourtant convaincants, les jeunes acteurs brillent paradoxalement par leur amateurisme, la relative fausseté de certaines notes et certains mouvement s. Inconfortable, toujours sur le fil, Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc est sans nul doute le pari le plus risqué du cinéaste.