janisRemise à l’heure des pendules. Au diable l’icône aux pattes d’eph. Janis  est un documentaire qui déboulonne la statue hippie pour faire voir l’artiste et la femme. Celle-ci est en fait une petite fille boulotte, ingrate, mal dans sa peau acnéique. Pour se faire aimer, elle provoque les mecs, traîne avec eux, boit comme un trou, se pique, s’habille comme l’as de pique et braille. Janis chante trop fort, trop haut, sans mesure. L’artiste ne manque pourtant pas de ressources : sens du blues, aisance mélodique, timbre de voix unique, mais aussi un art précis du dessin, une écriture juste comme nous l’indiquent les lettres écrites à ses parents et lues en voix off. Janis  est bouleversant parce qu’il ne brille jamais. À rebours de la légende hippie, on apprend même que Janis est sur la voie du sevrage quand elle disparaît à vingt-sept ans en 1970. C’est l’histoire terne d’une virtuose qui n’a pas pu s’accomplir. Une chanteuse qui n’aura que balbutié. L’oeuvre, la vraie, débutait au moment où Janis s’en allait.