grannyDeux temps cohabitent ici. Le présent, en prises de vues réelles, celui d’Eini, une adolescente coupée du monde par son père, et qui est en quête d’horizons nouveaux (elle trouve une radio lui faisant prendre conscience qu’il y a une vie ailleurs) ; le passé, sous forme d’animation de figures de pâte à modeler, qui retrace l’histoire de cette famille, avec, pour point focal, la fantasque et fantastique grandmère du titre. Le défi réussi de Hanna Sköld consiste à articuler ces deux matières (l’incarné et l’animé) en veillant à raconter toujours la même histoire – particulièrement sombre. Passé les scènes d’exposition, on finit par s’adapter sans résistance à cette forme hétérogène. Granny’s Dancing on the Table  déroule une généalogie troublée, où les choix de vie des anciens ont abouti à la cohabitation un peu glauque, quasi incestueuse, d’une fille et de son père rigide. Le choix final d’Eini, radical, apparaît comme une issue irrévocable.