editoAvril nous met le couteau sous la gorge : le printemps est au polar. Films et livres rivalisent pour nous faire peur. Nous les avons lus, chroniqués, et avons rencontré leurs auteurs pour vous. Bref, immergez-vous dans cette effervescente terreur qui, de film en roman, ne s’est jamais portée aussi bien. 

Dans notre dossier, il y a ceux que vous connaissez : James Ellroy, Arnaldur Indridason et en cinéma David Fincher, l’homme qui a donné un visage à Millenium. Mais, mode du polar oblige, tout le monde s’essaie au genre, dont deux prestigieux touristes en terre noire : William Boyd avec Solo, carton mondial de ce roman d’espionnage qui dépoussière le kitchissime James Bond, et Bret Easton Ellis qui, en réalisant The Canyons, s’essaie au thriller. Et puis il y a les outsiders, comme toujours nos préférés à Transfuge : l’Espagnol Rafael Reig, qui manie l’effroi romanesque avec la dextérité d’un tueur à gages, ou Marin Ledun, qui renouvelle le polar terroriste en plongeant parmi les Basques. En cinéma, la révélation polar, c’est Kelly Reichardt qui, avec Night moves, nous met au vert, parmi les terroristes écolos. Méfiez-vous de l’éolienne, elle pourrait être armée… 

Avril, c’est aussi le mois du plus grand festival de polar français : Quais du polar à Lyon. La dixième édition, du 4 au 6 avril, s’annonce des plus riches, et pas seulement parce que Transfuge en est partenaire. 

Pour ceux qui n’auraient pas le coeur à la terreur, lisez l’entretien de Jonathan Dee. Le gentleman des Privilèges, qui excelle dans Mille excuses, nous annonce que le prochain grand sujet de la littérature américaine sera le fossé social, une nouvelle guerre des classes. À la réflexion, lui aussi nous met les jetons ! 

Angoisse qu’on a pu ressentir en pénétrant dans l’appartement lisboète d’un monstre sacré de la littérature portugaise, Antonio Lobo Antunes : l’écrivain est pire que sa légende, odieux et fabuleux. 

En cinéma, on joue aussi à se faire peur. L’excellent Eastern Boys commence dans un climat inquiétant : une bande de jeunes de l’Est investit un appartement parisien, mais le crime n’aura peut-être pas lieu. L’horreur attendue ne sera pas non plus là chez Bergman. À l’occasion d’une sortie de films rares, on déniche pour vous la joie chez l’auteur du Septième Sceau. Bergman joyeux ? Oui, je vous le jure, à vous faire froid dans le dos. 

La joie, c’est peut-être ce qu’on retiendra enfin d’Alain Resnais, disparu le mois dernier. Providence ne nous a jamais terrifiés, mais c’est l’un des plus puissants films qu’il nous ait été donné de voir. Transfuge raconte une histoire rare : la relation qui unissait Alain Resnais à Alain Robbe-Grillet, une amitié diaboliquement créatrice. 

Bref, si j’étais vous, j’en flipperais déjà.