doubles viesOlivier Assayas est un cinéaste sérieux. Une vertu que l’on goûte dans ces pages mais qui, hélas, s’est retournée contre lui dans ce Doubles Vies, où il s’aventure dans les eaux traîtresses (faire rire est une entreprise périlleuse) de la comédie. Sur la scène du petit théâtre des égos de l’édition parisienne, deux couples évoluent : Alain, éditeur, sa femme Séléna, actrice-phare d’une série TV, Léonard, écrivain au look fripé (Macaigne, plus « macaignien » que jamais), et adepte de l’autofiction, et Valérie, avec qui il vit, assistante d’un homme politique. L’ irrésistible ascension du numérique ; les frontières du roman et de la vie ; les rituels des rencontres en librairie… Assayas porte un regard satirique et panoramique sur tout le spectre des interrogations, us et coutumes, du Landerneau éditorial. On lui sait gré d’avoir voulu appliquer le grand précepte d’Horace : « châtier les moeurs en riant ». Mais, entre la critique et la dérision, il ne parvient pas à choisir. Le rire est toujours nimbé d’un halo de sérieux, qui le désamorce. Dommage.