call meC’est l’exemple parfait du film qui fait éprouver au spectateur une nostalgie de son adolescence. Evocation impressionniste d’un premier amour, de l’été de la découverte du corps. Instants d’éveil à la sensualité où l’univers entier devient sexuel : une bouche de poisson, une pêche, une fontaine d’eau. Le réalisateur d’Amore, sur un scénario de James Ivory, cherche cette sensualité à tous prix pour raconter la passion entre un jeune érudit mélomane insolent et un étudiant américain, beau comme un dieu grec, qui assiste son père dans ses fouilles archéologiques en Italie. Pour Luca Guadagnino, reconstituer consiste à retrouver une manière d’être, une allure, une façon de parler, de danser, de bouger, d’aimer propre aux années 80. Des sensations sonnent juste, comme la maladresse adolescente d’Esther Garrel. Pour le reste, le film est si beau qu’il en devient artificiel, comme la scène qui voit une statue grecque repêchée dans un lac sous un air de musique classique. Le film se veut si chic (citations grecques, allusions à Bunuel, style singeant le Rohmer des années 80) qu’il en paraît d’abord factice puis finalement kitsch.