Superbe exposition consacrée à la passion de la littérature du peintre Miquel Barcelo, Autofictions vient d’ouvrir ses portes à la Fondation Michalski, en Suisse.

Deux autoportraits ouvrent et closent cette exposition. Le premier, réalisé dans les années 80, est une peinture d’un jeune homme, visage brouillé, dans la présence absence de la lecture. Le dernier est une aquarelle de carnet, peinte en 2025, tête composée de plumes aux couleurs vives, un Barceló devenu créature de son propre bestiaire. Ce sont les Autofictions du titre de l’exposition : lieu de réinvention de soi par la littérature, telle que le peintre n’a cessé de la poursuivre. Jamais l’œuvre de Barceló n’a semblé aussi borgésienne que dans ces toiles, sculptures, dessins, aquarelles et même Cadaverinas, du nom de ces petites boîtes en forme de livres contenant des matières naturelles pourrissantes, que le jeune artiste présente en 1976 dans une galerie à Barcelone alors qu’il n’a pas vingt ans. Barceló part du livre et revient au livre dès qu’il le peut. Est-ce le petit garçon emmené à la bibliothèque de sa petite ville de Felanitx par sa mère peintre, enfant parmi les rayonnages dont on aperçoit le visage grave dans une vaste toile sombre intitulée Longue Bibliothèque, qui détermine cette obsession du livre ? Ou ces rencontres d’écrivains, Jean-Luc Nancy, Paul Bowles, qu’il peint en xylographie ou à la javel ? Ou une attirance sensuelle pour cet objet-livre, qu’il peint en multitude sur les rayonnages des bibliothèques, dont il reproduit la forme entre les jambes d’une femme ou qu’il reproduit en collages ? Natalia Granero, commissaire de l’exposition et directrice de la Fondation Michalski, me mène dans cette exposition qui s’invite notamment dans la bibliothèque de la Fondation, antre babélienne qui réunit des milliers de livres dans toutes les langues possibles. Ainsi, dans cette Fondation perchée dans le Jura, face au Mont Blanc, l’entrée dans l’univers livresque de Barcelo prend toute son ampleur.

Autofictions, Miquel Barceló, Fondation Jan Michalski, jusqu’au 28 septembre.

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