En Mai, Dijon vibre au rythme des imaginaires contemporains. Pour sa 35ᵉ édition, Théâtre en mai invite à arpenter les frontières poreuses du réel et de la fiction.
Du 23 mai au 1ᵉʳ juin, les voix plurielles, engagées et singulières de la scène contemporaine sont invitées par Maëlle Poésy, directrice du CDN, à habiter les plateaux du Théâtre Dijon Bourgogne et des salles partenaires. Poétique, plastique et pluridisciplinaire, le festival qui fête ses trente-cinq ans, se vit tant à travers les créations qui sont présentées que dans les différentes initiatives connexes qui viennent compléter une programmation riche et hétéroclite.

En ouverture, l’Angévine Nathalie Béasse poursuit son travail sur l’hybridation des arts, ainsi que sa quête d’un théâtre sensible, avec Velvet. Dans cette œuvre, créée en novembre dernier au Maillon à Strasbourg, le corps est texte et la matière devient langage. À travers des tableaux mouvants, elle crée un monde de tensions, d’élans, de silences. Un théâtre de la sensation, imaginé comme une fresque, un tableau à l’intensité rare. Avec Pratique de la ceinture, Ô ventre, spectacle lauréat du Prix Incandescences 2023, Vanessa Amaral creuse la mémoire du ventre féminin, dans une proposition viscérale et troublante. À mi-chemin entre le rituel et le témoignage, elle convoque les récits intimes et collectifs autour du corps, de la maternité, de l’héritage, dans une partition où chaque geste compte autant que la parole.
Autre moment fort de cette édition, Yngvild Aspeli présentera sa nouvelle création, Trust Me for a While. S’éloignant un temps de ses mises en scène foisonnantes, elle propose une plongée dans un univers horrifique autant que jubilatoire. S’appuyant sur l’art de la marionnette à taille humaine qu’elle maîtrise avec virtuosité, elle explore les noirceurs de l’âme humaine. Entre rêve éveillé et cauchemar, l’artiste norvégienne n’a pas fini d’étonner et de surprendre.
La suite de la programmation s’annonce tout aussi vibrante. Dans sa première pièce, La Nuit pour voir, le vidéaste Quentin Vigier convie le public à une expérience sensorielle et plastique, qui s’appuie notamment sur différents textes de la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle. Avec NOCEBO, l’irrésistible duo Hervé Guerrisi et Grégory Carnoli joue avec les certitudes de chacun pour mieux les manipuler. Entre hypnose collective et perception altérée, les deux artistes s’amusent à prendre au piège nos propres croyances.
Autres jours, autres récits. À la Minoterie, la dijonnaise Géraldine Pochon imagine un ring pour mieux faire résonner les mots émancipateurs d’Hélène Vignal. S’attaquant au sujet brûlant du cyber-harcèlement, Queen Kong libère une parole crue et directe. Plus introspectif et pudique, Jean-René Lemoine adapte son texte Face à la mère, dans lequel il explore avec délicatesse et acuité la douleur de l’exil et des racines perdues. C’est un cri d’amour et de colère, d’une intensité forte.
Avec Sans faire de bruit, succès du dernier Off d’Avignon, auréolé du prix Impatience 2024, Louve Reiniche-Larroche s’inspire de sa propre histoire pour dresser le portrait sensible de sa mère devenue sourde soudainement. Tandis que Nos ailes brûlent aussi de Sébastien Lepotvin, mise en scène de Myriam Marzouki, porte une parole collective autant que poétique autour d’un nouveau paradigme démocratique. Enfin, Nos musées imaginaires, installation performative nocturne, nous invite à déambuler dans une ville transformée en galerie de rêves.
Et pour relier le tout, Radio en mai s’installe comme un fil rouge sonore : des voix qui racontent, interrogent, accompagnent. Comme un souffle parallèle aux spectacles, elle crée des ponts entre les artistes et le public.
Théâtre en mai, Théâtre Dijon Bourgogne, du 23 Mai au 1er juin 2025.