Josépha Madoki, la reine de la danse Waacking, s’associe au styliste upcycling Mario Faundez et la DJ Naajet pour la création mondiale de Haute couture, un défilé qui fait bouger les lignes.

Elle est la reine parisienne du Waacking et elle adore la mode. Josépha Madoki, Princess de son état waackant, fondatrice du premier collectif de Waacking français, Ma Dame Paris, s’est pourtant formée en danse classique, avant de pratiquer le hip-hop et la danse contemporaine. Mais c’est dans le Waacking qu’elle a trouvé sa vocation et sa liberté. Waacking ? Kesako ? Un style, une technique, un plaisir qui trouve de plus en plus d’adeptes. Le nom, dit-on, vient de l’onomatopée évoquant le mouvement tranchant d’un bras et d’une main tombant tel un couperet. Whack ! Et c’est fendu. Ainsi est née une danse, tout d’abord aux Etats-Unis, chez les queers noirs et latinos. En waackant, on affirme autant sa communauté que sa personnalité, non sans s’en inventer une autre, souvent en s’inspirant du cinéma américain des années 1960. On aime les poses glamoureuses des stars, un peu comme dans le Voguing qui se créa à partir du posing des models dans la revue Vogue. Toutefois, le Waacking s’en distingue. Ici les bras prennent le dessus et s’envolent comme, plus tard, dans la danse électro française. Les Américains, eux, se sont inspirés de Bruce Lee dans son combat aux nunchakus, dans le film The Way of the Dragon. En laissant virevolter les avant-bras comme dans une apesanteur accélérée, les waackers dansent une véritable célébration de la vie, au mouvement permanent et incroyablement fluide. Oui, le Waacking est une fête, comme ce fut démontré dans D.I.S.C.O., pièce précédente de la Princess, née de l’envie de se retrouver après le confinement, dans une ambiance de clubbing très détendue, puisqu’en Waacking, la préférence musicale va au style disco.
Avec Madoki, le Waacking sort de sa zone de confort de l’entre-soi pour trouver le glamour qui l’inspire tant. Aussi la chorégraphe née à Kinshasa a travaillé avec Thomas Jolly par deux fois. D’abord en 2023, pour sa mise en scène de Roméo et Juliette à l’Opéra de Paris, chorégraphiant entre autres un bal des Capulet qui restera gravé dans les mémoires. Puis pour un tableau de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris où elle creva l’écran en waackant sur le tapis rouge de la passerelle Debilly. Là aussi, on s’en souvient… Mais il y a un autre univers qui passionne Madoki : la mode ! Rien d’étonnant puisque les waackers disputent leurs battles dans les tenues les plus singulières. Mais au-delà de l’aspect esthétique, la passion de Madoki va à tous les dessous sociaux dans nos rapports à l’accoutrement. Si la danse fait bouger le vêtement, ce dernier peut-il faire bouger la société ? Haute couture répond en invitant Mario Faundez, styliste en mode upcycling, histoire d’interroger le rapport de la couture à la culture et au monde. Cette pièce pour huit danseuses et danseurs, sur une composition originale de la DJ Naajet, est donc une « collection en mouvement » qui réinvente la danse à travers le défilé et inversement, jusqu’à réinventer la cerise sur le gâteau de tout défilé, la robe de mariée. Et désormais, entre fashion et disco, you’ll never waack alone !
Haute couture de Josépha Madoki, Paris, Le Carreau du Temple, 10 et 11 décembre








