Mona Cara
Sous sa frêle stature et une timidité à peine retenue, Mona Cara (née en 1997) révèle une ambition remarquable – et remarquée – et une impressionnante opiniâtreté au travail. Celui du tissage Jacquard qu’elle a décidé de se réapproprier pour réaliser des tapisseries gigantesques dans lesquelles son imagination n’a de limite que la course des fils qu’elle laisse volontiers s’épancher en enchevêtrements et souplesse. Une de ses grandes installations joyeusement colorée avait illuminé la Biennale de Lyon en 2024. Apocalypses loufoques contant le tohu-bohu de notre monde contemporain où se croisent Bob l’Eponge, une montgolfière au visage de singe, une Schtroumpfette ou encore Peppa Pig. Dans cet univers carnavalesque, on pense aussi bien à Jérôme Bosch, Hervé di Rosa, David Salle ou Erró. Chez Mona Cara, l’envergure du textile ajoute une poésie sculpturale enveloppante.
Mona Cara, Cosmogonies, du 9 octobre au 8 novembre, galerie Idéale, galerie-ideale.com
Bastien Vittori
Le trait rageur creuse. S’appliquant à opacifier les noirs et à frotter les blancs. Dans ces nuances s’extirpent des détails. Bastien Vittori (né en 1998) accompagne notre regard dans des angles précis, au fond de compositions sur le motif – souvent photographique – qui ne se livrent jamais entièrement. Fragments d’intérieur, de plage, de rivage, de champs. Fougue van goghienne dans ces paysages d’un calme seulement apparent, touches ténébreuses à la Théodore Rousseau dans ces feuillages resserrés. Le fusain se libère dans les horizons, les aplats des sillons venteux et les recoins mystérieux, le plus beau étant peut-être cette lumière blanche née des vides du dessin qui confronte les noirs jusqu’à une franche lactescence. La lueur ruisselle, découpe le motif. L’œil s’y noie abondamment.
Bastien Vittori, Creuser, jusqu’au 30 octobre, Loo & Lou Gallery, looandlougallery.com
Louis Barbe
On ne peut pas dire que ce soit une peinture séduisante à l’esthétique lisse et sans heurts. Mais c’est là justement tout l’intérêt des tableaux de Louis Barbe (né en 2001) qui défient la norme, s’aventurent dans le grotesque et l’exubérant, le populaire exacerbé, débordant, foisonnant. Une comédie humaine tendre, non exempte d’ironie, avec ses défauts, ses gueules de travers et ses manières. Le jeune artiste aiment les anti-héros des franges urbaines marginalisées dont il grossit les traits et enfle l’anecdotique, excellant ainsi dans le portrait à charge, à la limite de la caricature. Imagerie populaire, à mi-chemin entre Crumb et Poulbot. Même goût pour le plantureux et le bouillonnant que son aîné Marcos Carrasquer, voici le monde d’en bas avec ses mythologies et ses libertés provocantes.
Louis Barbe, Sunken City, du 9 octobre au 8 novembre, galerie Lazarew, galerie-lazarew.com











