Eugène Boudin (1824-1898) est de ces peintres venus au monde pour mettre au chômage technique les critiques d’art et fournir des sujets aux dissertations sur « l’indicible en art ». Que faire, donc, sinon, comme Yann Guyonvarc’h, dont la collection fournit la substance de cette extraordinaire exposition, s’en délecter les yeux ? Mais puisqu’il faut bien dire quelque chose, citons, non pas Baudelaire, à qui on doit de fort belles lignes, non pas Monet, qui reconnaissait sa dette envers lui, mais Cervantès : « la beauté a le pouvoir et le privilège de concilier les esprits et d’attirer les sympathies ». Regardez cette Marée basse, rivage et pêcheurs au coucher du soleil, les taches rouges des Crinolines sur la plage, les taches rose-Manet de Trouville, scène de plage ; considérez les zones et points de passage entre terre, mer et ciel (Saint-Brieuc, bords du Légué) ; voyez comment il sait être net, parfois dur et minéral, tout en appariant les éléments naturels : tout ici est conciliation, « sympathie ».

Eugène Boudin, Etretat, la falaise d’Aval au soleil couchant, 1890, Huile sur toile, 45,8 x 65,1 cm. Collection Yann Guyonvarc’h
© Studio Christian Baraja SLB

Expo Eugène Boudin, le père de l’impressionnisme : une collection particulière, musée Marmottan Monet, jusqu’au 31 août