L’été sera chaud, espérons-le, et Othoniel à coups sûrs. L’artiste est célébré en Avignon, pour un parcours en dix lieux exceptionnels. Rencontre dans son atelier de banlieue vaste comme une cathédrale, là où s’élaborent les projets, et se montent les mille-feuilles de ses fascinantes pièces montées.

Noeud Sauvage suspendu dans la régie au cœur de l’atelier de Jean-Michel Othoniel à Montreuil, La Solfatara. © Laura Stevens

Pour rencontrer Jean-Michel Othoniel, prière de garder la tête froide en descendant à la station Robespierre. Sait-on ce que pourraient nous réserver les mânes du tyran ? Montreuil, aux portes de Paris. Ville chérie des artistes qui y dénichent encore parfois de vastes usines d’outillages et d’industries mécaniques victimes de lointaines contrées à bas salaires. Derrière l’une des portes métalliques d’une ancienne métallerie de 4 500 m2, une cour avec sa maison de gardien appelée à être transformée en résidence pour artistes venant également de la poésie, de la danse, de la musique… Au rez-de-chaussée, un lieu de restauration à la décoration de bistro parisien des années 30. Les chaises et les tables ont vu passer du monde puisqu’elles ont été rachetées à une brasserie parisienne. En face, une petite galerie-librairie où sont organisées des petites expos ouvertes aux écoles du quartier qui viennent s’abreuver à la source de l’art. Plus loin au fond de l’entrepôt dans lequel s’active une partie de la vingtaine de collaborateurs réguliers emballant les pièces de l’exposition d’Avignon, un pavillon en meulière qu’on dirait sorti des studios de Boulogne, à l’époque des Carné-Prévert. Visage d’enfant de conte de fées, un enfant qui cultiverait le teint hâlé, œil vif, voix douce, débit précis et clair, Jean-Michel Othoniel a souhaité conserver ce bâtiment dans lequel logeait il y a un siècle le directeur de la fabrique. Celui-ci est encastré dans les nouvelles structures de l’immense hangar que l’artiste partage depuis quatre ans avec son compagnon le sémillant sculpteur belge Johan Creten. Tous les deux ont veillé à ce que leurs pôles de création soient rigoureusement séparés. « C’est un lieu de partage avec Johan, que nous avons décidé de nommer La Solfatara, du nom d’un volcan à l’ouest de Naples, prisé par les artistes à l’époque du Grand Tour. Le soufre, le feu et la terre en fusion se mélangent dans ce lieu qui fut longtemps voué à la divination. Goethe y passa aussi. Johan et moi connaissons bien l’endroit puisque lui travaille la terre et moi j’ai longtemps travaillé le soufre. Nous sommes plutôt sur des matériaux en fusion ». Cette introduction pose notre hôte. Lettré, courtois dans l’attention intellectuelle qu’il porte au visiteur, et dans un même mouvement attentif à ses responsabilités de chef d’entreprise. Jetant de rapides coups d’œil à l’avancée des différentes opérations de mises en caisse, répondant aux uns et autres s’il le faut. Devant moi, l’entrelacement sensuel d’énormes colliers de perles miroitantes invitant à la contemplation.

Le coeur Kokoro en verre rouge de Murano installé dans la grande halle de Montreuil avant son départ pour Avignon. © Laura Stevens

La suite de l’entretien est à découvrir dans le dernier numéro de Transfuge

Cosmos ou les Fantômes de l’amour, Dix expositions à Avignon. Du 28 juin au 4 janvier 2026.

Poussière d’étoiles, La Malmaison, Cannes, jusqu’au 4 janvier 2026.

Jean-Michel Othoniel , Galerie Perrotin Turenne, du 18 octobre au 20 décembre.

À lire : Othoniel Cosmos ou les Fantômes de l’amour, Aquarelles de Jean-Michel Othoniel, Texte de Colin Lemoine, à paraître le 2 juillet 2025.