Il bâtit depuis cinq décennies, une œuvre fondée sur l’observation patiente des paysages, attentif à l’ombre autant qu’à la lumière. Nous avons rencontré Michael Kenna à l’occasion de sa sublime exposition au Musée Guimet.

Depuis près de quarante ans, votre travail est engagé dans un dialogue profond et constant avec l’Asie. Comment ce lien a-t-il vu le jour ?
En 1987, j’ai été invité à Tokyo pour une exposition et la publication d’un livre. J’y suis allé naïvement, sans savoir à quoi m’attendre. Je me souviens avoir déambulé dans la ville, en pleine nuit, à 3 heures du matin, et d’avoir été stupéfait de découvrir des matériaux et des objets déposés là, dans la rue, sans surveillance : personne ne les volait. Ce fut ma première leçon de culture japonaise : respect, retenue, dignité envers autrui, les objets, la terre. Cela m’a immédiatement marqué et depuis, je n’ai cessé d’y retourner.
Qu’est-ce qui, selon vous, vous ramenait toujours vers le Japon ? Était-ce simplement une fascination esthétique, ou bien un lien plus profond ?
Sans doute un peu des deux. Ce que j’ai ressenti là-bas, très tôt, allait bien au-delà de la simple curiosité visuelle. À Nara, à Kyoto, cette culture m’a touché plus profondément encore. Élevé dans la tradition catholique avec ses messes en latin, ses vêpres, ses rituels, j’ai retrouvé dans les cultes bouddhistes et shinto cette même densité du geste, mais avec une douceur, une sensualité inattendues… L’encens, les fleurs, la statuaire… C’était presque une histoire d’amour immédiate. Puis, en 2001, j’ai commencé à m’éloigner des villes pour explorer la campagne japonaise, ce qui progressivement m’a conduit vers d’autres territoires : la Chine, la Corée, le Laos, le Vietnam… Comme une longue dérive poétique à travers l’Asie.

La suite de l’entretien est à découvrir dans le dernier numéro de Transfuge
Haikus d’argent, l’Asie photographiée par Michael Kenna – Du 11 juin au 29 septembre – Musée Guimet – www.guimet.fr