Une nouvelle génération de chorégraphes arrive au festival June Events, entre culture ballroom, capoeira, freak show et quête d’ancêtres.

Il fut un temps où les artistes brésiliens, musicaux ou dramatiques, cherchèrent asile et refuge en France. Ces heures sombres du régime militaire font partie de l’histoire entre les deux pays. Les artistes, aussi populaires ici que là-bas, ont largement contribué à la construction de liens profonds. Un demi-siècle après la dictature des généraux, les artistes de Rio et Sao Paulo sont souvent pauvres, mais libres de s’intégrer dans les échanges artistiques mondiaux. Depuis les années 1990, l’Europe découvre toujours plus de chorégraphes brésiliens et les apprécie en raison de leurs démarches, souvent radicales et pourtant radieuses. Ainsi, si l’Institut Français organise en 2025 une Saison du Brésil en France, la danse y occupe une place importante. Et June Events présente, sous le titre « ordem e progresso », une trilogie d’œuvres particulièrement engagées.

Puma Camillé, Jessica Teixera et Dilo Paulo révèlent les cicatrices de l’histoire, en partant de leurs propres identités, corps et vies, incarnant avec force les idées de multidisciplinarité et de liens interculturels. Chacune, chacun porte à sa manière les valeurs de résistance et de rébellion. Camillé, militante engagée pour l’inclusion et la diversité, place son Mandinga do futuro, en rythme de résistance à la croisée entre la capoeira, la culture ballroom, la danse afro et la samba. Femme, noire et trans, elle fusionne les furieuses quêtes de liberté qui s’expriment autant dans la capoeira – par rapport à l’esclavage – que dans le voguing, par rapport aux normes défiées par les LGBTQIA+. Se positionnant en Mandingue du futur, elle embarque son public dans une expérience immersive où farandolent diverses temporalités, réalités et langages artistiques, de la danse à la poésie.

L’univers de Jessica Teixera s’apparente aux freaks shows. Cette artiste multidisciplinaire, qui utilise son corps étrange comme matière principale de sa recherche artistique, raconte dans Monga l’histoire presque authentique d’une danseuse, chanteuse et actrice qui fut exhibée dans des zoos humains, en raison de malformations et d’une pilosité excessive. Voilà donc un solo trouble qui secoue, intrigue et rappelle que les artistes brésiliens ont souvent un courage hors du commun. Dilo Paulo raconte, quant à lui, dans son solo Ekesa Sanko l’histoire d’un héros qui, ayant perdu la mémoire de son passé, entreprend un voyage pour renouer avec ses ancêtres. Paulo est Angolais, travaille à Brasilia et crée, par sa danse qui relie les continents, une réflexion cinétique sur la dualité entre racines, identité et ouverture à l’altérité. Ces représentants de la nouvelle garde brésilienne promettent donc des découvertes passionnantes. Mais de nombreux chorégraphes d’origine brésilienne vivent et travaillent en France. Ainsi Vania Vaneau prépare Traços Do Brasil, nouvelle création en cours, dont elle livre un avant-goût au sein d’une édition de June Events sur les traces du Brésil.

Festival June Events

Mandinga do futuro, en rythme de résistance de Puma Camillé,  le 10 juin                                            

Monga de Jessica Teixeira, le 10 juin

Ekesa Sanko de Dilo Paulo, les 6, 7 et 10 juin