Le festival de musique Lille Piano(s) Festival célèbre ses vingt ans, l’occasion pour son directeur, François Bou, de revenir sur ce foisonnement de musique organisé par l’Orchestre National de Lille qui occupe la métropole le temps d’un week-end.
Comment résumer la ligne du festival Lille Piano Festival qui célèbre aujourd’hui ses vingt ans ?
C’est un festival qui a été créé par Jean-Claude Casadesus, j’étais alors directeur artistique. C’était donc en 2004, alors que Lille était capitale de la culture : nous nous sommes fondés sur des rencontres Robert Casadesus qui réunissaient des lauréats de concours internationaux, et on a proposé un festival qui occupe l’ensemble des salles de notre auditorium et de notre dépendance. Cette première année, nous avions invité 70 artistes en 40, 45 concerts, plus encore qu’aujourd’hui ! Nous voulions veiller à la diversité entre les jeunes pianistes et les étoiles du piano, et ça n’a pas changé. Ce premier festival ayant eu du succès, il s’est répété, il a évolué vers d’autres esthétiques, comme le jazz, qui occupe cette année notamment la soirée d’ouverture, mais aussi d’autres claviers, l’accordéon, le clavecin, l’électronique…. L’idée est de s’ouvrir à un public plus large que notre public d’abonnement des concerts symphoniques, et nous y parvenons, accueillant des publics de la métropole, et de toute la région. D’année en année, nous nous sommes ouverts à d’autres lieux, hors du Nouveau siècle. Il faut que le public puisse courir d’un lieu à l’autre. L’idée, c’est la ruche. Et notre volonté demeure toujours la même : placer l’artiste au cœur du projet.
Quels sont vos plus beaux souvenirs de ces vingt ans de festivals ?
La création demeure un très beau souvenir. On était tous très excités, mais on était craintif parce qu’on n’avait jamais organisé un tel festival, tout ça avec les forces vives de l’orchestre…Je me souviens de Maria Joao Pires qui est venue plusieurs fois, de Nelson Freire, de Boris Berezovsky, ils sont tous passés ici. Il y a eu des récitals inouïs : Nicholas Angelich dans Les Années de pèlerinage de Liszt ou Bertrand Chamayou interprétantle regard de l’enfant Jésus dans la crypte de la cathédrale…À chaque fois, on se dit, c’est le plus beau festival.
Pour ce festival, trois chefs de l’Orchestre National de Lille seront présents : L’ancien et fondateur, Jean-Claude Casadesus, l’actuel Alexandre Bloch, et son successeur à la rentrée, Joshua Wallerstein, et ce, dans un « Marathon Mozart », pouvez-vous nous en dire plus ?
En cinq concerts étalés sur les trois jours du festival, ils vont interpréter l’ensemble des concertos de Mozart avec différents pianistes : François-Frédéric Guy, Pierre Laurent Aimard, Jonathan Fournel…. C’est Alexandre Bloch qui a conçu l’ordre, et on se rend compte, en les écoutant tous, de leur richesse incroyable. L’orchestre de Lille est divisé en trois orchestres de Mozart, ( un grand orchestre permet cela), et c’est l’occasion d’inviter l’Orchestre de Wallonie à se joindre à notre festival. Le Marathon Mozart sera ouvert par l’actuel directeur musical, et fermé par le nouveau. En parallèle, seront jouées les dix-huit sonates de Mozart par Herbert Schuch en plusieurs concerts, qui traduisent une diversité d’expression et d’émotions, et dessinent un album intime de Mozart. Donc si notre projet artistique prend comme prétexte l’olympisme en s’intitulant « marathon », réside un véritable parallèle qu’on peut faire avec le sport : grands athlètes et pianistes sont réunis par une transcendance, ils partagent un mental, des capacités physiques, une vision. On a une solide équipe de France pour interpréter les concertos et Herbert Schuch, pour les sonates. Mais à côté de cela, il y aura aussi la jeune garde, hors de Mozart, comme Anna Tsybuleva qui interprétera Debussy, ou Kevin Chen dans Liszt. Et les Variations Goldberg jouées à l’accordéon par Fanny Vicens. Nous donnons le chef-d’œuvre de Bach chaque année, c’est l’hymne du festival, écrit pour clavier, et voué aux thèmes et variations.
Lille Piano(s) Festival, du 13 au 16 juin à Lille.