Zabou Breitman fait chanter Zazie dans le métro de Raymond Queneau et invite à plonger dans un Paris surréaliste très années 1960. 

Sourire enjôleur et visage d’ange, Zazie, 12 ans, est une enfant espiègle et déterminée qui n’a ni la langue dans sa poche, ni la politesse mon cul rigoureuse. Sa mère, souhaitant s’octroyer un week-end grivois, la confie deux jours à Gabriel, son oncle parisien. Venant pour la première fois à la capitale, la jeune fille n’a qu’un rêve, prendre le métro. Manque de pot, une grève surprise va anéantir ses projets. Passablement irritée et peu encline au compromis, la gamine va faire tourner en bourrique et entrainer dans de bien folles aventures tout son monde.

Du Panthéon confondu avec le dôme des Invalides à une Sainte-Chapelle qui a des faux airs de tribunal de commerce, en passant par un cabaret interlope, la joyeuse troupe haute en couleurs traverse Paris dans tous les sens, quitte à en perdre la boule, le latin et tout le reste. Sans queue ni tête, les histoires de Zazie amusent la galerie et frôlent l’absurde pour mieux révéler le pittoresque d’un Paris fantasmé et enchanté. N’hésitant pas à recourir à ce qu’il désignait lui-même comme le néo-français pour renforcer la dimension comique de ses jeux de mots, Queneau esquisse en filigrane un univers clairement moins glamour et polissé qu’il n’y parait. Viols, incestes, exhibitionnistes sont aussi au menu de ce conte contemporain et cru aux faux airs de fantaisie baroque. 

Avec une belle ingéniosité, Zabou Breitman s’empare du roman de Raymond Queneau, véritable succès littéraire, que le film de Louis Malle a rendu culte. Transformant la parodie burlesque en comédie musicale joliment surannée, la metteure en scène signe un spectacle drôle et haut en couleur, qui n’hésite pas à faire des pas de côté kitsch assez savoureux. Imprimés léopard, mules en fourrure et autres perruques roses, dignes de Drag Race France, transforment le plateau en revue de music-hall. S’inspirant entre autres de l’univers de Jacques Tati, l’artiste invente un monde où mélancolie et exultation se font délicieusement la nique, où mon cul devient une expression à la mode et où la tempête Zazie convie les spectateurs à un voyage immobile hors du temps et de l’espace. 

Zazie dans le métro de Raymond Queneau, mise en scène de Zabou Breitman
le 24 avril 2024 à Équilibre Nuithonie – Fribourg
du 2 au 3 mai 2024  à la Scène nationale Sud-Aquitain, Anglet
du 14 au 15 mai 2024 à La Coursive Scène nationale La Rochelle
du 22 au 25 mai 2024 au Théâtre national populaire, Villeurbanne