De retour sur ses terres alsaciennes, Christine Angot se décide avec une équipe de tournage (et Caroline Champetier) à forcer la porte familiale afin d’interroger la femme de son père (et ses enfants) sur l’inceste dont elle a été victime afin de les confronter à leur silence coupable

La collusion avec la belle-mère donne lieu à une longue scène de cinéma extraordinaire parce que riche d’enseignements psychologiques et sociologiques sur la manière dont se fabrique et se conforte le déni. La scène est inoubliable parce qu’elle est malaisante et parce qu’elle est malaisante, elle nous oblige à nous poser d’excellentes questions de cinéma et l’éthique de la représentation : Angot peut-elle, doit-elle nous donner à voir le spectacle de son règlement de compte ? En son temps, Emmanuel Carrère avait inventé avec Retour à Kotelnitch un chapitre cinématographique inouï à son Roman Russe. Angot poursuit ici son œuvre d’autofiction en se mettant elle-même en chair et en images avec un affront revitalisant.

Une famille de Christine Angot , en salle le 20 mars avec Nour Films