À la Fondation Vincent van Gogh, une exposition conclut la résidence arlésienne de 23 artistes invités par Maja Hoffmann et la peintre américaine Laura Owens.

Lorsque Vincent Van Gogh s’installe en Arles, en 1888, il rêve d’être rejoint par ses amis artistes et de faire de sa maison jaune un authentique atelier vivant, favorable à la création tout comme à son épanouissement. Le peintre l’aménage avec des « décorations » – terme qu’il emploie à propos de ses tableaux et des estampes japonaises accrochés sur les murs blanchis à la chaux. Mais seul viendra Gauguin et l’histoire connaît l’issue dramatique de la cohabitation… Cent-trente ans plus tard, l’idée d’un lieu propice à la créativité s’est enfin concrétisée avec le projet de l’artiste californienne Laura Owens : un “Atelier du Sud” a en effet pris vie grâce à la fondation Van Gogh et la fondation Luma, toutes deux portées par la mécène Maja Hoffmann. 

Durant ces trois dernières années, des peintres, mais aussi des photographes, des vidéastes et des sculpteurs ont ainsi tour à tour séjourné dans une maison appartenant à la fondation Luma située rue du Cloître et dont les fenêtres s’ouvrent sur le théâtre antique. Au sein de cette résidence d’exception, chacun y a apporté son empreinte, sa signature et ses créations, la transformant ainsi en une œuvre collective, toute animée par le fruit de leur collaboration successive.  

À la fondation Van Gogh, les œuvres présentées, issues de cette expérience ou spécialement imaginées pour l’occasion, mettent en lumière le caractère aventurier, libre et joyeux de ces artistes marqués par la découverte de la région. Compagnons de route de Laura Owens – amis et anciens étudiants – ces vingt-trois artistes internationaux témoignent alors de sensibilités, de cultures et de vocabulaires plastiques différents. 

Le parcours s’ouvre ainsi sur les toiles abstraites et minimales de Julie Beaufils, à la profondeur toute atmosphérique : d’audacieux aplats de couleurs pures, mais également des strates fines et poudreuses de pigments naturels, engendrent de subtiles possibilités chromatiques que l’œil appréhende comme autant d’étendues silencieuses. C’est à leurs côtés que se déploie la pâte expressionniste et mouvementée de l’artiste haïtien Andy Robert dont l’une des deux grandes toiles ici présentées, dûment intituléeSunflowers, n’est pas sans faire écho au motif privilégié du célèbre peintre hollandais. Plus loin, l’exposition questionne la notion du domestique, alors vu comme un lieu d’expérimentation artistique : un lit mis en scène par le canadien Julien Ceccaldi semble répondre à la reproduction grandeur nature d’une fenêtre de l’atelier réalisée par Charlotte Houette (Fun Être) tandis que dans une autre section, que les propositions d’Asha Schechter et de Blake Rayne, se concentrent davantage sur la nature, le paysage et la végétation. Au moyen de simples cartons, l’artiste vénézuélien Alvarro Barrington construit quant à lui une magistrale installation, suggérant alors ses préoccupations liées aux thèmes des communautés et de la migration. Au fil de la déambulation, les pratiques éclectiques suscitent ainsi la réflexion : ils nous font brillamment part d’un élan collectif, si ce n’est d’une véritable communion. 

L’atelier du Sud : L’exposition & la résidence, jusqu’au 12 mai 2024 à la Fondation Vincent Van Gogh Arles. Plus d’informations