Une belle programmation, une belle ambition, tel est le festival Dia(s)porama. Fabienne Cohen-Salmon, directrice adjointe de l’action culturelle du Fonds Social Juif Unifié et coordinatrice du festival, nous en dit plus.

Le festival revendique l’ouverture géographique : ses horizons sont internationaux… 

La volonté de ce festival est de présenter le regard de cinéastes internationaux sur les cultures juives : la culture, donc, l’histoire, l’identité juive sous toutes ses formes, notre objectif étant de donner à voir toute la diversité de ces représentations. Les films sont choisis pour leur qualité propre, mais aussi parce qu’ils ont été sélectionnés dans des festivals reconnus, comme le Miami Jewish Festival, le Toronto Jewish Film Festival ou encore le Festival International du Film des Cultures Juives de Genève. Notre propre festival en est un écho en France, à travers, cette année, 17 films : fictions, documentaires et un film patrimonial, Le Dibbouk, de Michal Waszynski. Et ce qu’il y a de très intéressant, c’est qu’on s’aperçoit qu’on a des thématiques distinctes selon les pays.

Effectivement, les arguments des films de Maggie Peren et de Marvin Samel ne relèvent pas de la même approche… Quelles thématiques avez-vous repérées ?

Les films allemands, les films polonais ont beaucoup trait à la Shoah ou à l’histoire des Juifs avant la guerre, tandis que dans le cinéma américain, on constate une plus grande légèreté et des mises en scènes plus contemporaines. Le film de Maggie Peren, Der Passfälscher, rentre ainsi dans la première catégorie, comme aussi le très beau film El amor en su lugar de Rodrigo Cortès (une double production Espagne et Royaume-Uni) qui traite du dilemme d’une troupe de théâtre du ghetto de Varsovie : s’enfuir après la représentation ou rester enfermés. Aux Etats-Unis, il y a donc le film de Marvin Samel, iMordecai, ou encore Less Than Kosher, un film canadien, une sorte de comédie musicale avec un côté très pimpant, très décalé. La patte de chaque pays ressort, et reflète bien la diversité de représentation dont on parlait. Et je crois que, paradoxalement, c’est l’éclectisme qui fait le lien entre tous ces films. On se rend compte de la possibilité immense qu’offre le cinéma de traiter la culture juive, et on prend conscience que celle-ci s’inscrit dans l’histoire de l’humanité, dans les récits nationaux et internationaux, qu’elle fait écho à chacun d’entre nous. Cet universalisme inhérent aux cultures juives est aussi le fil conducteur de ce festival. Dia(s)porama n’est évidemment pas un festival communautaire, loin de là, ne serait-ce déjà que par son envergure : le festival a lieu dans toute la France.

C’est une des caractéristiques de ce festival, son ubiquité la possibilité de voir les films n’est pas restreinte à un seul lieu…

Le festival est né en 2021, pendant la crise du Covid, et la première édition était totalement en streaming. C’est l’équipe du Toronto Jewish Film Festival qui nous a proposé l’idée, puisque rien de tel n’existait en France. Progressivement, la programmation a adopté un format hybride : une grande partie des films reste disponible en VOD, la totalité est visible en salle, en cinéma et à l’auditorium de l’Espace Rachi à Paris et dans 14 villes de France.

Festival Dia(s)porama, regards sur le cinéma juif international, du 22 janvier au 5 février, en salle et en ligne, plus d’informations