Alors qu’il neige dans les rues de Paris, nos regards se tournent déjà vers l’été et ses promesses musicales : le Festival d’Aix-en-Provence vient de dévoiler sa programmation, de Samson à Mrs Butterfly, cinq opéras mis en scène, dont une création mondiale. Tour d’horizon de ce qui vous attend du 3 au 23 juillet.

Si la plupart des festivals d’été gardent encore leur programmation secrète, Le Festival Lyrique d’Aix en Provence a dévoilé sa programmation avant les fêtes. Le plus prestigieux des festivals lyriques européens renouvelle ses promesses en proposant plusieurs créations d’une audace et d’une jouissive liberté. Tout d’abord évoquons, pour les plus littéraires d’entre nous, le Samson de Rameau ressuscité par Raphaël Pichon et Claus Guth. Il s’agit d’une de ces aventures musicales et historiques qui passionnent les amateurs et les mélomanes : le livret de Samson, écrit par Voltaire, a été censuré deux fois, en 1734 et 1736. À la suite de cette censure, la partition de Rameau disparut dans l’oubli qui balaya l’œuvre jamais jouée. Mais la musique, elle, demeura, on en retrouve des bribes notamment dans Les Indes Galantes, ou Castor et Pollux. Raphaël Pichon, dont on connaît le goût pour les aventures hors-norme a donc eu la folle idée de refaire naître l’œuvre jamais jouée, par une savante structure de ces morceaux choisis, et par un livret inspiré de Voltaire, autour de la figure violente et saisissante de Samson. Claus Guth avoue avoir toujours nourri l’espoir de mettre un jour en scène le mythe du héros biblique aussi puissant que vulnérable qui sera sur scène incarné par un des plus passionnants chanteurs d’aujourd’hui, l’américain Jarrett Ott.

Ulysse et Iphigénie

Autre aventure d’amoureux de la musique baroque, Il Ritorno d’Ulisse in Patria, œuvre vénitienne exceptionnelle de Monteverdi que Pierre Audi s’apprête à mettre en scène, une nouvelle fois. Il y a plus de trente ans, il s’y attelait à l’opéra d’Amsterdam, et y revient aujourd’hui, accompagné de Leonardo Garcia Alarcon, dont on ne présente plus la spectaculaire virtuosité pour la musique italienne. Dialogue du metteur en scène avec sa propre œuvre, à l’image de cette Ulysse qui tente à tout prix de retrouver Ithaque…

En ouverture, Mozart cède la place cette année à son frère d’âme, Glück, dont Emmanuelle Haïm dirigera non pas une, mais deux œuvres : Iphigénie en Aulide, et Iphigénie en Tauride. Soit 4 heures trente de musique. Un défi pour la cheffe, mais aussi pour le metteur en scène, Dmitri Tcherniakov, qui aime les enjeux d’envergure, et pour la diva Corinne Winters, qui incarnera les deux Iphigénie de ces opéras qui chacun à leur manière, tourne autour de ce personnage fondamentalement mystique. Autour de la soprano américaine, on retrouve une distribution hors du commun, et française : Stanislas Barbeyrac, Véronique Gens ou Florian Sempey, participeront à ce qui s’annonce comme une somptueuse odyssée lyrique. 

Enfin, pour célébrer le centenaire de Puccini, le festival convoquera l’éternelle Mrs Butterfly, dans une mise en scène d’Andrea Breth, qui nous avait si heureusement surpris dans sa lecture de Strauss, il y a deux ans, à Aix, déjà. Dans le rôle de l’amante déchue, chère Cio-Cio -San, celle qui est annoncée comme l’une des plus grandes pucciniennes de notre époque, la lituanienne Ermonela Jaho.

Mais puisque la page est courte, et le programme riche, à vous de découvrir les autres créations présentées à Aix en 2024, ainsi que les concerts et autres rencontres de ce qui promet d’être, avant les JO, un superbe marathon lyrique. 

Plus d’informations sur cette édition 2024https://festival-aix.com/