Enfin, le Centre Wallonie Bruxelles est réouvert. Et avec lui les explorations artistiques les plus
prospectives. Au menu, une exposition le jour et des évènements pluridisciplinaires le soir.
Amateurs de voyages et de liberté, cet évènement est pour vous.

Comme si tout Paris attendait sa réouverture après des mois de travaux et d’évènements hors les murs, une joyeuse foule d’amateurs d’art avides d’expériences s’est rendu au vernissage du Centre Wallonie Bruxelles à Paris – le CWB pour les intimes. Des performances redonnèrent vie au lieu nouvellement habité par des dizaines d’œuvres protéiformes. Ainsi Les décorateurs naïfs imaginés et crées par Mehryl Levisse déambulaient entre les visiteurs, gestes précieux, costumes brodés en provenance d’une époque monarchique. L’artiste installé entre la France et le Maroc s’intéresse aux motifs et à ce qu’ils racontent d’une époque, des relations humaines, des cultures. Il les puise dans son environnement directe tout autant que dans les peintures classiques de l’histoire de l’art. Pour ensuite les broder. Ses œuvres deviennent sculpture ou peinture en mouvement lorsqu’elles sont habitées. Sa technique ? Il l’a acquise auprès de sa grand mère. « Depuis, je pense que je la maîtrise, s’amuse-t-il. Ses yeux, doux et pétillants, révèlent sa générosité et sa curiosité pour la vie, pour les individus, pour ce qui n’est pas normé. Sa présence dans cette exposition conçue par Stéphanie Pecourt, directrice du centre d’art, était donc une évidence. Le CWB est un navire qui vogue entre les arts, entre les pensées, entre les formes, qui célèbre « le non-dénominateur commun, l’incommensurabilité de démarches qui en appellent à être explorées pour ce qu’elles ont de singulières. ». Stéphanie Pecourt imagine ainsi des néologismes pour exprimer son approche de l’art, expérimentale et existentielle, tel le terme l’anarkhè-exposition pour définir cet évènement- festival qui ne fige ni les oeuvres ni les pensées.


Les oeuvres de l’exposition proposent des situations, des points de départ de réflexions, des matières à penser. Bertrand Planes a ainsi discrètement hacké le néon de l’entrée du CWB pour lui (l’objet ou l’artiste ?) permettre de communiquer avec nous, en morse. Qui tentera d’en capter le message poétique ? A quelque pas de là, un minitel à disposition simule une discussion entre l’ancêtre de l’ordinateur et le visiteur. Mais qui parle avec qui ? Est-ce réellement un Perfect Match ? L’artiste détourne des techniques et technologies, les mêle, pour réfléchir aux relations que nous entretenons avec elles. On avance ensuite dans le nouvel espace dénudé du CWB. Un énorme glaçon fond, harnaché et suspendu par Max Sister au dessus d’un récipient à deux doigts de déborder. Le son de sa transformation, capté en direct, est amplifié pour nous atteindre. A ses côtés, un corps hybride, sculpture sous perfusion de Hugo Servanin, expose les fluides qui l’animent. D’autres corps se meuvent, se figent, affichant leurs pensée, leurs désirs, leurs cultures. Puis apparaît une sculpture – ou est-ce un être ?- de Magali Daniaux et Cédric Pigot, beauté inhabituelle issue du contraste entre la douceur du grès rose et la brutalité du béton. Et dans la cour intérieure, Raymond Delepierre a installé un manche à air d’or dans lequel s’affolent des feuilles, d’or elles aussi, tandis qu’une voie monacale demande le « Silenzio » au milieu des chuchotements.


Les Heures Sauvages. Nef des Marges dans l’ombre des certitude, titre évocateur, c’est 13 jours d’expositions et 8 soirées de projection de films d’artistes, de concerts, de plateau philosophique avec l’heureuse participation d’une centaine d’individualité. A travers leurs explorations de matières, de techniques, de technologies, de sciences et des vivants, les artistes expose de nouvelles formes, de nouveaux récits, qui tendent des passerelles entre les disciplines, les époques, qui évoluent au-delà des frontières. Avis aux amateurs de nos lendemains.

Les heures sauvages – Nef des Marges dans l’ombre des certitudes

Centre Wallonie Bruxelles, Paris

Du 13 au 29 octobre, Plus d’informations