D’où vient-il, de quoi rêve-t-il ? Nouveau maître du paysage de la danse lyonnaise, Tiago Guedes se présente, d’hier à demain. 

Vous avez quitté la direction du Teatro Municipal de Porto en faveur de celle de la Maison de la Danse de Lyon et de la Biennale de la Danse. Ressentiez-vous un besoin de changer de décor ? 

En huit ans à la direction du théâtre municipal de Porto, j’ai pu participer à un projet culturel porté par plusieurs institutions de la ville et mettre en place un centre de recherche chorégraphique. Il me fallait alors choisir entre une nouvelle phase approfondissant ce travail et un nouveau défi, d’une dimension supérieure et porteur d’un nouveau rêve.

Entre Porto et Lyon, le changement d’échelle est en effet considérable…

Oui et non. À Porto, nous avions cinq salles et 80 employés, tous partenaires confondus. Et nous travaillions avec toutes les institutions de Porto et des villes de la région. Bien sûr, à Lyon les structures administratives et politiques sont bien plus complexes. Mais Lyon me permet de m’orienter encore plus vers la danse, puisque le Teatro Municipal de Porto est un lieu pluridisciplinaire.

Quels étaient vos liens avec Lyon ? 

Je connaissais déjà bien le contexte et les enjeux, puisque le Teatro Municipal était engagé dans un pôle européen de création avec la Maison de la Danse, le Sadler’s Wells de Londres, le festival Grec de Barcelone et le Théâtre de Liège. Je fréquentais bien sûr aussi la Biennale à chaque édition.

Vous avez été le témoin d’un essor de la danse d’auteur au Portugal… 

La danse portugaise évolue par vagues. Il y a eu dans les années 1990 et 2000 un mouvement porté par des figures marquantes : Joao Fiadeiro, Clara Andermatt, Vera Montero… Et puis depuis 2010 environ, une nouvelle génération crée des écritures très identifiables : Marlene Montero Freitas, Tania Carvalho, Marco da Silva Ferreira…

Comment avez-vous construit cette édition de la Biennale qui marque votre arrivée à la Maison de la Danse ? 

J’essaie d’abord de ne pas trop me laisser freiner dans mon enthousiasme par la très belle histoire de ces institutions phares de la danse en Europe. 2023 est une édition de transition, après deux Biennales amputées en raison de la pandémie. Et comme beaucoup de projets demandent deux voire trois ans d’anticipation, ma prédécesseure Dominique Hervieu avait déjà défini une programmation avec d’excellents projets d’artistes que j’apprécie beaucoup. Après, j’ai pu déplacer quelques projets vers la saison 23/24 pour m’ouvrir plus de portes dans la Biennale 2023, par exemple pour inviter Lia Rodrigues qui n’a pas été présente depuis 2010. 

Quelles perspectives pensez-vous développer ? 

L’une de mes ambitions est d‘être vraiment très équilibré entre artistes femmes et hommes. Et puis nous créons aux Usines Fagor un lieu de rassemblement où le public peut venir danser et rencontrer les artistes, ce qui manquait un peu. En 2025, la Biennale va déménager vers d’anciens bâtiments de la SNCF aux dimensions énormes qui nous permettront d’imaginer plus de projets in situ et d’accueillir des projets d’envergure pour espaces non dédiés. 

Biennale de la danse de Lyon, du 9 au 30 septembre, informations et réservations en suivant ce lien.