Retour du spectacle multi-primé 20 000 Lieues sous les mers à la Porte-Saint Martin. Les metteurs en scène Valérie Lesort et Christian Hecq et des acteurs en grande forme.
Plonger dans les tréfonds sous-marins, et y rencontrer, parmi les créatures, l’un des plus célèbres misanthropes de la littérature : 20 000 Lieues sous les mers nous promet un mythe, et nous le donne sur scène : le capitaine Nemo, le professeur Aronnax et les monstres sous-marins du roman culte du XIXe siècle sont bel et bien présents sur scène. Fidèle à l’esprit de Jules Vernes, à sa folie raisonnée, et à sa passion de la connaissance, cette adaptation scénique s’avère en cela d’un pur classicisme, allié à l’ingénieuse fantaisie du couple Valérie Lesort et Christian Hecq. Sans doute est-ce ce savant mélange qui doit à cette pièce un succès qui, depuis sa création au Vieux Colombier il y a huit ans, ne faiblit pas. Preuve en est, 20 000 Lieues triomphe aujourd’hui à la Porte Saint-Martin. Il n’a en quelques années pas pris une ride : dans une scénographie impeccable, l’intérieur du Nautilus s’avère fidèle à l’imaginaire des lecteurs de Jules Vernes, les six acteurs s’en donnent à cœur joie pour transmettre l’état de stupeur, de crainte et de fascination, qu’ils éprouvent au cours de ce voyage auprès du capitaine Nemo et de son étrange équipage, partis pour un tour du monde et des océans. La pièce s’organise comme un huis clos, tour à tour inquiétant et loufoque. Car si les metteurs en scène font le pari d’un 20 000 Lieues burlesque, n’en demeure pas moins l’enthousiasme du voyage et de l’océanographie propres au roman, et l’art grotesque, propre à leur univers. Pourtant la seule ouverture sur l’extérieur s’avère le large hublot qui va peu à peu prendre une place déterminante : traversée par les marionnettes qui sont la signature des mises en scène Lesort/ Hecq, la fenêtre va instiller toute l’étrangeté de l’aventure. La descente aux abymes devient pour le spectateur une découverte de l’univers des metteurs en scène, alliant virtuosité technique, sens prononcé des jeux de lumières, et théâtre à l’orée du classique et de la marionnette, parfaitement menée. On sort du voyage dans le Nautilus saisi par ce monde entre deux eaux, et ravi du moment passé auprès des aventuriers de ce voyage dans les profondeurs.
20 000 Lieues sous les mers, d’après Jules Vernes, mise en scène Valérie Lesort et Christian Hecq, Théâtre de la Porte-Saint-Martin, jusqu’au 23 juillet.