Le Centre Pompidou révèle un pan méconnu du travail de l’architecte anglais Norman Foster, une pensée écologique intégrée à des réalisations ultra technologiques. 

Il est l’un des architectes internationaux vivants les plus connus. Depuis plus de soixante ans, ses réalisations marquent de leurs lignes géométriques et de leurs façades vitrées les plus grandes villes. On lui doit à Londres l’emblématique Tour 30 St Mary Axe surnommée Le Cornichon, le dôme du Reichstag à Berlin, la Hearst Tower à New York, le viaduc de Millau…. L’exposition du Centre Pompidou rassemble des centaines de dessins, de photographies, de carnets de croquis, des dizaines de maquettes, d’objets et d’œuvres d’artistes plasticiens. Elle s’ouvre sur une grande photographie du Viaduc de Millau. Des lignes fines et monumentales s’élancent entre les deux rives d’une vallée du Parc naturel régional des Grands Causses. Cet ouvrage résume à lui seul l’ambition de cette rétrospective, révéler la démarche écologique derrière le déploiement de technologies high-tech. La première partie de la visite présente 300 croquis, certains recouvrant des centaines de carnets, d’autres encadrés accrochés aux murs. Les bâtiments dessinés s’immergent dans la nature, telle la maison Creek Vean de Feock de 1964-66. Ils s’ouvrent sur leur environnement grâce aux larges baies vitrées. Norman Foster les imagine autonomes en énergie renouvelable tandis que les systèmes de flux sont intégrés à l’ossature du bâtiment, pensée comme un exosquelette. Une vitrine dévoile ensuite les influences de l’architecte. Richard Buckminster Fuller, l’architecte des hippies et des structures géodésiques qu’il rencontra, et à qui il emprunta la forme du dôme que l’on retrouve dans nombre de ses constructions. La militante écologiste Rachel Carlson et son célèbre ouvrage Silent Spring. Les plans techniques de machines publiés le magazine de bande dessinée britannique Eagle des années 50-60, coupes que l’on retrouve dans ses dessins et maquettes. Et la notion de systèmes, proche de la pensée écologique. Pour Frédéric Migayrou, le commissaire, Norman Foster est l’architecte des systèmes, concepteur de structures autonomes ouvertes imaginées en relation avec leur environnement naturel et urbain. Tel le Carré d’art de Nîmes pensé en harmonie avec la place antique qui l’accueille. Dans le cœur de l’exposition sont tout d’abord présentées les habitations individuelles et imaginée par l’esprit prospectif de Norman Foster. Des maisons futuristes composées d’un dôme en verre inspiré de Fuller pour plonger dans la nature. La Chesa Futura, la plus étonnante, forme entièrement circulaire en mélèze construite entre 2000 et 2004 à Saint-Moritz, revisite la structure du chalet suisse. Puis sont ensuite exposées les constructions qui l’ont inspiré, du châssis de la Lotus Elan de Colin Chapman, à la délirante voiture Dymaxion réalisée par Fuller, en passant par un planeur. Les espaces suivants présentent ses réflexions urbanistiques ainsi que des maquettes de bâtiments devenus iconiques. Ce fils d’un comptable et d’une caissière, qui arriva à l’architecture presque par hasard, réussit à associer l’optimisme des années 60 d’un avenir meilleur aux recherches technologiques les plus pointues. Le dernier espace le confirme, présentant les projets futurs de l’homme de 88 ans, l’installation des hommes sur la Lune et sur Mars. Norman Foster, un créateur tourné vers l’avenir. 

Norman Foster, Centre Pompidou, Paris. Jusqu’au 7 août. www.centrepompidou.fr