Se joue à Dijon ce mois-ci, l’Armide, chef d’œuvre du XVIIe, signé Lully/ Quinault.
On connaît Lully pour Molière, et pour la danse du roi. On le connaît moins pour Armide, à tort. Heureusement, depuis quelques années, Lully est joué dans toute son œuvre, remis au goût du jour, et les tragédies lyriques du maître de Versailles connues par les amateurs de baroque français. Nul hasard donc que Vincent Dumestre, fin connaisseur de Lully, ait choisi de diriger aujourd’hui cet opéra. Quant à Dominique Pitoiset, il sera sans doute passionnant de voir comme le metteur en scène aborde cette œuvre, lui qui s’est déjà largement frotté au baroque, chez Gluck ( qui fera lui aussi une Armide), ou Purcell. Mais revenons à Armide. L’œuvre est émouvante à bien des égards, et notamment parce qu’il s’agit du dernier opéra que Lully a pu terminer, avant de mourir brutalement de la gangrène. Il est aussi, fatalement, la dernière collaboration de Lully avec son librettiste Philippe Quinault, alors le plus célèbre écrivain de tragédie lyrique du Grand Siècle, admiré par la suite par Voltaire, qui n’hésita pas à le comparer à Corneille et Racine. Armide est une adaptation du Tasse par Quinault, et souvent considéré comme le chef d’œuvre du couple Lully/Quinault.
Ils s’inspirèrent de La Jérusalem délivrée, pour réinventer l’histoire d’amour entre Armide, la redoutable magicienne, et Renaud, le chevalier, « funeste ennemi », qu’elle hait autant qu’elle désire. Mais on y trouve aussi sur scène les allégories La Sagesse, et la Gloire…Et une ode à Louis XIV qui ouvre le spectacle. C’est le rêve baroque, fabuleux et raisonné tel qu’on pouvait le concevoir au Grand Siècle. Amour, désir, et pouvoir entremêlés. On attendra avec impatience le fameux Passacaille qui nous parle d’amour, dans la langue délicate de Quinault. La distribution compte de très beaux noms, comme Stéphanie d’Oustrac, qui devrait être une Armide furieuse et habitée. Une promesse.
Armide, Jean-Baptiste Lully, direction musicale Vincent Dumestre, mise en scène Dominique Pitoiset, Opéra de Dijon, du 24 au 29 avril.