C’est le ballet des ballets de l’enfance, Casse-Noisette se joue au Châtelet, adapté par le danseur étoile Karl Paquette pour un jeune public, et magistralement interprété. 

L’usine à rêves n’a pas été inventée par Spielberg, mais par Tchaïkovski et Petipa dans un Saint-Pétersbourg de la fin du XIXe siècle où l’on se souvenait encore de la puissance de l’enchantement. Casse-Noisette, le ballet est aussi célèbre que Le Lac des cygnes, l’enfance en plus. Qui l’a vu une fois ne peut oublier la scène d’ouverture de Noël, à elle seule une plongée cultissime dans la joie et la candeur enfantines. Nul doute que Bergman, en filmant sa propre fête de Noël en ouverture de Fanny et Alexandre, avait en tête le ballet de Tchaïkovski. Emprunté au conte d’Hoffmann, le ballet nous mène de tableau en tableau, réinventé à chaque fois par la musique, toute en carillons et cordes, et offre aux danseurs ses univers fantasques, du solo du roi des Souris au duo espagnol, de la danse chinoise à la Fée Dragée et ses danseuses étincelantes. Oui, qui l’a vu une fois se souvient à vie de son Casse-Noisette. Voilà pourquoi le spectacle de Karl Paquette au Châtelet s’avère une si riche idée. Car le danseur étoile associe la virtuosité et la rigueur de son approche du ballet, à la volonté d’offrir aux enfants les plus variés la joie de ce premier Casse-Noisette. Fort de son succès avec Mon premier lac des cygnes, Karl Paquette invite une nouvelle fois les enfants à une structure de ballet simplifié et raccourci, centré sur les personnages hauts en couleur du conte. Soutenu par le livret de Clément Hervieu-Léger et une scénographie sophistiquée, le spectacle n’omet cependant pas les incontournables éléments de Casse-Noisette : les cadeaux, la neige, les bonbons, la danse du roi des Souris. On retiendra de la très belle distribution le trio des solistes : la jeune Clara interprétée par Anastasia Hurska, qui joue sur le fil délicat et grâcieux qui sépare l’enfance de la danseuse à la haute maîtrise technique, Ivan Delgado del Rio en prince qui à la fin du spectacle offre un solo tourbillonnant, presque trop court à notre désir d’adulte, et bien sûr Karl Paquette, qui participe au spectacle, notamment en incarnant le mystérieux Drosselmeyer, le magicien sans qui tout cela n’aurait pas eu lieu. Un moment exquis donc, qui, paroles d’enfants, donne goût au mystère du ballet classique. 

Il était une fois Casse-Noisette, d’après le ballet-féérie de Piotr Illitch Tchaïkovski, adaptation et mise en scène Karl Paquette, Théâtre du Châtelet, jusqu’au 30 avril.